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En route vers la mobilité

Équiper et aménager sur mesure des véhicules pour permettre aux personnes à mobilité réduite de conduire en toute sécurité, tel est le travail mené par l’équipe de HandiMobil.
Cercle accélérateur, télécommande multifonction, porte escamotable, treuil chargeur, une recherche sans cesse en mouvement pour trouver des solutions personnalisées et adaptées... Parce qu’on n’arrête pas le progrès !

Handimarseille : Pouvez-vous vous présenter ?

Françoise Piccione : Je suis Madame Françoise Piccione, je suis gérante de la société Handimobil, je m’occupe de la partie commerciale et de la gestion de la société Handimobil.

H : Et vous ?

Fabrizio Viarengo : Moi, je m’appelle Fabrizio Viarengo, je suis co-gérant de la société Handimobil. Je m’occupe de la partie commerciale et du suivi distribution parce que Handimobil, c’est un distributeur et un installateur qui s’occupe de l’aménagement, de la conduite et du transport des personnes handicapées.

H : Pouvez-vous nous dire ce qu’est Handimobil ?

Fabrizio Viarengo : Handimobil est une société qui s’est créée en 2006, à Saint-Raphaël, dont le but est d’installer et de distribuer des aménagements pour les personnes à mobilité réduite, que ce soit pour la conduite, le transfert et le transport. On fait par exemple des recherches pour adapter sur mesure la conduite des personnes tétraplégiques. Enfin, on se met au service de toutes les personnes à mobilité réduite, pour leur donner de l’autonomie.

Françoise Piccione : On gère un réseau d’installateurs agréés, un peu dans tout le Sud de la France, dans des secteurs qui sont compris entre Bordeaux et Lyon, jusqu’au Sud, c’est à dire Nice et Perpignan.

H : Avec quels partenaires travaillez-vous ?

Fabrizio Viarengo : Notre partenaire, c’est une boîte italienne qui s’appelle Kivi. Mais on a d’autres fournisseurs, qui sont anglais. Par ailleurs, en France on a une quinzaine d’installateurs et deux partenaires, par l’intermédiaire desquels on peut garantir un réseau de vente : ce sont les sociétés Huet et Lenoir.

Françoise Piccione : On forme un réseau : on est tous les trois importateurs Kivi, ce qui nous permet de fournir un SAV aux personnes qui viennent aménager leur véhicule à Aubagne et qui partent en vacances dans le nord ou sur Paris. Par conséquent, peu importe le lieu où se trouve nos clients, ils trouveront toujours une personne, pour intervenir sur leur véhicule.

H : Quels services proposez-vous aux personnes handicapées ?

Françoise Piccione : Le service principal, c’est aménager les véhicules pour les personnes handicapées. Dans un premier temps, on fait des démonstrations dans les centres de rééducation, pour leur fait connaître les éventuelles solutions que nous proposons, pour leur donner l’autonomie. Plus précisément, notre première démarche c’est de les informer sur ce qui existe, et souvent aussi redonner l’espoir aux personnes handicapées, qui ne savent pas quel futur les attend. Dans un deuxième temps, les conseiller sur le type d’équipements, puis aménager leur véhicule. Enfin, nous assurons bien sûr le suivi.

H : Quels matériaux, quels équipements utilisez-vous pour concevoir et aménager vos véhicules ?

Fabrizio Viarengo : Ça dépend de l’aménagement. Parfois, on équipe des voitures tout simplement avec des calculateurs électroniques, qui sont gérés par un émetteur électronique. On a des plateaux de transfert, qui sont tout simplement des planches qu’on fixe sur le montant de la porte de la voiture, et qui créent une espèce de pont, pour assurer le transfert entre le fauteuil roulant et le siège de la voiture, parce que si la personne n’arrive pas à effectuer ce transfert en toute sécurité, elle risque de tomber sur le bas de caisse. Ces plateaux de transfert sont totalement en fer, mais il nous arrive d’y installer des parties en aluminium, quand on veut alléger le véhicule. Cependant, certaines pièces peuvent être lourdes, c’est le cas des soulève-personnes. Ça dépend si les personnes qui doivent utiliser ce système, sont des personnes âgées. Si c’est le cas, on peut mettre de l’aluminium à la place du fer, parce que c’est plus léger. C’est juste une question de poids.

H : À quoi servent les calculateurs ?

Fabrizio Viarengo : Les calculateurs, par exemple, on les installe pour faire marcher l’accélérateur manuel de la voiture. Ce sont, soit des cercles, par manettes ou des leviers. On a aussi des télécommandes de volant. Ce sont des équipements qui nous permettent de faire conduire en toute sécurité, les gens atteints d’une hémiplégie, parce qu’elles ont un seul bras et doivent gérer le volant plus toutes les commandes auxiliaires, notamment les phares, les clignotants, et les klaxons. Pour faire fonctionner tout cela, on est obligé d’installer sur la voiture, un système d’interface téléphonique, pour qu’avec seulement deux doigts, tout puisse être actionné.

H : Comment réalisez-vous l’adaptation des véhicules aux personnes handicapées ?

Fabrizio Viarengo : On a deux façons de faire. La première, c’est notre technicien, qui s’occupe directement de l’installation. Il reçoit très souvent des pièces qui sont propre au véhicule. Il installe les pièces requises et crée l’interface, c’est-à-dire le rapport entre la voiture et l’équipement. Ensuite, il remonte les pièces. Enfin, une fois que la personne handicapée a fait l’essai, et se soit assuré que l’équipement lui convenait, on livre la voiture. _ Deuxièmement, on fait aussi de la distribution. On vend des pièces, et nos installateurs placent les équipements.

H : Travaillez-vous avec des ergothérapeutes ?

Fabrizio Viarengo : Oui, parfois des ergothérapeutes nous conseillent en fonction du type de handicap. On a une cliente qui est tétraplégique, pour qui on a dû réaliser des équipements strictement sur mesure, sans lesquels elle n’aurait pas pu conduire, et faire ses transferts du fauteuil au véhicule. Aujourd’hui, suite à notre collaboration avec son ergothérapeute, elle est même dynamique et autonome.

H : Quelle est la législation française sur l’aménagement des véhicules ?

Françoise Piccione : Tous les équipements que l’on met sur nos véhicules sont des équipements marqués CE et ont été homologués, parce qu’en Italie, chaque équipement monté sur les véhicules, même une télécommande au volant, doit passer aux Mines. Par conséquent, tous les équipements que l’on monte sont homologués à l’étranger. Mais en France, aujourd’hui, la législation ne prévoit rien. Du coup, tant que les modifications qu’on apporte sur un véhicule ne changent pas les données qu’on trouve sur la carte grise, on va dire, entre guillemet, qu’il n’y a aucun contrôle. Quand la personne veut reconduire, elle doit valider son permis de conduire auprès d’une auto-école à la préfecture. À ce moment-là, des codes qui correspondent à un équipement, sont inscrits sur son permis de conduire. De ce fait, on s’en tient à ces codes qui sont inscrits sur le permis de conduire et qui correspondent à un équipement, qui peut être un accélérateur manuel, une boîte automatique, ou une commande tout-au-volant, etc. Par contre, en ce qui concerne les véhicules conçus pour le transport des personnes handicapées, cette modification prévoit un passage aux Mines, parce qu’on change certaines données qui se trouvent sur la carte grise.

H : Quelles sont les innovations les plus récentes dans votre secteur d’activité, et que permettent-elles de plus ?

Fabrizio Viarengo : On a une nouveauté, même si ça fait déjà un petit moment qu’on le vend, c’est un cercle accélérateur, parce que c’est le premier à être sorti. Il concerne les personnes paraplégiques et les personnes qui ont un handicap moteur aux jambes. C’est un cercle qu’on pose derrière le volant, et qui permet d’accélérer. Mais la nouveauté de ce système, c’est le fait qu’il soit placé derrière le volant et pas devant, ce qui est plus sûr.

H : Avant, il était devant le volant ?

Fabrizio Viarengo : Normalement, les cercles, jusqu’à présent, ont toujours été vendus devant, face au conducteur, ce qui empêchait de voir totalement les compteurs. De plus, le cercle représentait un obstacle dans le cas où la personne handicapée, devait passer son propre fauteuil entre le torse et le volant. Auparavant, si le conducteur s’endormait ou avait un malaise, il tombait vers le volant et au lieu d’arrêter le véhicule, il l’accélérait. Désormais, la place du cercle est derrière le volant. Mais ce qui est bien, c’est que ce cercle accélère soit en tirant, soit en poussant, ce qui permet aux personnes handicapées de changer leur manière de conduire, selon le parcours. Jusqu’à présent, les paraplégiques étaient obligés d’accélérer toujours en poussant, même quand leurs doigts ou leurs mains sont fatiguées. Avec ce cercle, c’est possible de changer d’ergonomie de conduite, la visibilité sur le compteur est totale, pour accélérer, on tient le volant avec les deux mains, chose qui n’était pas possible avant. Le levier de frein est placé à droite, et fonctionne vers le bas, ce qui nous permet, avec ce cercle, de conserver toujours les réglages du volant, en longueur et en profondeur. Par ailleurs, on a une seconde innovation. C’est un véhicule qui va bientôt être homologué pour la France, le Soul eMotion. C’est un petit véhicule, dans lequel on rentre en fauteuil roulant par l’arrière et qui permet à la personne handicapée d’être complètement autonome.

H. - Comment rentre-on par l’arrière ?

Fabrizio Viarengo - L’arrière se rabaisse automatiquement, une rampe descend et on rentre.

H. - Auparavant, comment rentrait-on ?

Françoise Piccione - Auparavant, les solutions de conduite en fauteuil étaient surtout sur des gros véhicules, de type fourgon ou alors des véhicules assez coà »teux. Aujourd’hui, on peut conduire en fauteuil sur des véhicules de forme réduite. C’est un véhicule ordinaire de ville, qui est maniable et dans lequel on peut rentrer en fauteuil.

H. - Comment réagissent les personnes face à toutes ces innovations ?

Françoise Piccione - Plutôt bien. Elles sont très demandeuses. Aujourd’hui, on parle de plus en plus d’autonomie. Les gens ont envie de sortir, de bouger, et de vivre, tout simplement. Le seul petit souci, c’est peut-être le côté financier, parce que toutes ces innovations coà »tent quand même très cher et requiert des budgets assez importants.

H. - Quel est le coà »t, pour les personnes handicapées ?

Françoise Piccione - Tout dépend bien sà »r, du handicap. Le prix des équipements démarre à 500 €, mais ils peuvent atteindre 35.000 €. Mais en général, c’est un peu lié au handicap : plus le handicap sera lourd et plus le coà »t sera important.

H. - Y a-t-il une prise en charge ?

Françoise Piccione - Oui, aujourd’hui il existe une prise en charge. Espérons qu’elle perdure ! Les deux organismes principaux qui interviennent, sont la Maison Départementale du Handicap, et de l’AGEFIPH pour la personne handicapée qui est déclarée "travailleur handicapé", mais aussi le Conseil Général et la Sécurité Sociale sur certains dossiers. Aujourd’hui, pas mal de personnes peuvent bénéficier de ces aides, même si on constate qu’elles ne sont toujours pas assez importantes. Malgré tout, elles y sont encore !

H. - Quelle est la répartition de vos ventes ?

Françoise Piccione - Les produits les plus vendus sont les produits de conduite, comme les cercles accélérateurs et les manettes. Nous vendons aussi les produits d’aide au transfert, comme les plateaux de transfert, et les chargements en fauteuil. Mais on se distingue un petit peu, parce qu’on fait beaucoup de sur-mesure, pour les personnes tétraplégiques.

H. - Si une personne tétraplégique après un accident désire reconduire, comment procédez-vous ?

Fabrizio Viarengo - Normalement, quand la personne à une atteinte assez basse de la moëlle épinière, elle reste paraplégique, mais tout le monde sait que les bras restent valides. C’est donc très simple de la faire conduire, parce qu’il suffit de mettre un cercle accélérateur et un frein au volant. Par contre, la tétraplégie, c’est un handicap plus lourd, qui nécessite vraiment la réalisation d’un équipement sur mesure. A ce moment-là , dans un véhicule équipé on fait des aménagements que l’on peut régler selon sa force, sa taille, et ses capacités résiduelles encore fonctionnelles. En fait, on choisit avec la personne, l’équipement idéal qui correspond à son cas.

Françoise Piccione - C’est souvent le cas, parce que les auto-écoles ne sont pas aménagées pour ce type de situation. Par conséquent, on intervient en complément.

H. - Est-ce que la personne va dans une auto-école, avec le véhicule équipé ?

Fabrizio Viarengo - Ça dépend de la gravité du handicap. Très souvent, les auto-écoles sont dans l’impossibilité de trouver des solutions personnalisées, parce qu’elles ont un seul véhicule avec lequel elles doivent faire conduire tout le monde. Si une auto-école a une personne tétraplégique avec un handicap un peu lourd, elle sait qu’elle ne pourra pas la faire conduire. Parfois, un seul centimètre suffit pour faire ou ne pas faire conduire une personne ! Du coup on est parfois obligé d’équiper la voiture du client, pour qu’il puisse passer son permis de conduire à l’auto-école.

Françoise Piccione - Souvent la personne handicapée doit équiper son propre véhicule de doubles commandes auto-école, pour passer son permis.

H. - Avez-vous des anecdotes à raconter ?

Fabrizio Viarengo - Handimobil est né à Saint-Raphaël. On s’est retrouvé à Aubagne, parce que pendant une démonstration, une personne de la société est tombé amoureux d’une personne en fauteuil roulant, et vit aujourd’hui avec elle. Comme cette femme habite à Gémenos, on a donc tout déplacé pour qu’ils puissent se rapprocher. Par ailleurs, vers Nice, on avait déjà un installateur. Du coup, on s’est dit : "On le laisse travailler seul et on se déplace vers Marseille", parce qu’à Marseille on avait personne.

Françoise Piccione - L’anecdote principale, c’est que Handimobil est arrivée à Aubagne grâce à une étincelle qui a fait tomber amoureux une personne de la société d’une jeune fille tétraplégique, qui aujourd’hui, attend un bébé.

H. - Quels sont vos projets ?

Fabrizio Viarengo - Ca fait déjà un an qu’on est là . On y est encore, c’est déjà bien ! Nos projets, c’est de pouvoir embaucher un autre technicien d’ici quelques temps, pour pouvoir diviser l’atelier en deux secteurs : le secteur du handicap lourd et le secteur du handicap léger.

Françoise Piccione - C’est aussi développer de plus en plus la conduite en fauteuil, parce que c’est quand même les véhicules du futur.

Voir en ligne : HandiMobil


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