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Som-Ortec, passionnément engagés

« Un peu, beaucoup, passionnément, différemment. » Pierre-Yves Cornut communique son enthousiasme en parlant de son travail au sein de la mission handicap. Som est une entreprise filiale du groupe Ortec dont le secteur d’activité est orienté dans la pétrochimie, le nucléaire, la grande industrie et l’environnement. La culture industrielle de ce groupe s’entend par l’ouverture à la diversité, la réussite collective et le maintien dans l’emploi des salariés en situation de handicap. La mission handicap ne manque pas d’idées innovantes pour former et sensibiliser tous ses collaborateurs et leur permettre ainsi d’appréhender le handicap dans sa réalité. Le message que passe cette entreprise donne envie d’y travailler !

Som-Ortec, passionnément engagés

Handimarseille : Voulez-vous vous présenter ainsi que votre entreprise et son activité ?

Pierre-Yves Cornut : Je suis responsable de la Mission handicap de la Société SOM qui est une des filiales du groupe ORTEC, dont le métier est d’assurer des activités d’étude et d’ingénieries.

Nous sommes 800 salariés et 6000 collaborateurs dans le groupe avec plus de 90 agences en France. Nous sommes actuellement à l’international dans plus de 14 pays et nous faisons 40% de notre chiffre d’affaires à l’export.
Les grandes activités du groupe sont orientées vers le milieu du pétrole, et pétrochimie, les activités nucléaires, la grande industrie et tout ce qui tourne autour de l’environnement.

H : Comment en quelques mots définiriez-vous la politique de votre entreprise ?

P-Y.C : Pour moi, il y a deux mots qui résument parfaitement notre politique, le premier c’est passionnément parce que c’est vraiment un engagement et une vraie démarche de l’entreprise, le second c’est différemment parce qu’on a certainement un regard autre, en ne se posant pas le handicap comme une problématique mais au contraire comme une situation à traiter au même titre que les autres. D’où le slogan de SOM qui est : « un peu, beaucoup, passionnément, différemment ». Ça résume tout.

Au-delà des quotas, au-delà des lois, SOM-ORTEC, souhaite associer ces personnes à sa démarche d’entreprise. C’est-à-dire leur proposer des emplois, leur montrer qu’ils sont capables de concourir à la réussite du groupe, au même titre que les autres.
Actuellement, 4% de nos salariés sont des travailleurs handicapés.

H : Depuis quand êtes-vous engagés dans cette politique d’embauche des travailleurs handicapés ?

P-Y.C : Depuis 2009 et nous l’avons matérialisé dernièrement au travers d’un accord d’entreprise qui date de 2011. Notre métier est avant tout, un métier de chantier, d’interventions et de travaux. De ce fait nous avons malheureusement été amenés à repositionner les collaboratrices et collaborateurs qui ont pu avoir des accidents de travail, justement sur nos activités. Ce maintien dans l’emploi et cette ouverture à la diversité, notamment pour les personnes handicapées, font partie de notre culture industrielle.

H : Comment avez-vous mis en place cette politique, avez-vous été confrontés à certaines difficultés ?

P-Y.C : Le premier constat que l’on fait par rapport au handicap, c’est l’ignorance. On ne sait pas ce qu’est le handicap, on ne connaît pas les situations de handicap. Et c’est principalement par méconnaissance que l’on se met des freins.

Il y a plus de 90% de handicaps qui ne sont pas visibles, bien sûr voir quelqu’un avec des béquilles, sur un fauteuil, c’est plus évident, mais les personnes ayant des handicaps psychologiques, des problèmes de dos, d’audition ou de vue, ou certaines maladies évolutives, on ne connaît pas.

Et puis le handicap fait peur, l’inconnu crée la peur, c’est humain, ce sont des réactions que l’on a tous pu ressentir. On le constate souvent quand une personne est pour la première fois face à quelqu’un qui a un gros handicap, immanquablement, elle a une réaction particulière, ça peut être de la pitié, de l’appréhension ou autres. Mais ces gens qu’on voit marcher un peu moins vite ou fonctionner différemment, ils font partie de la société civile comme vous et moi, ils doivent avoir la même chance que les autres, et notamment faire partie du projet d’une entreprise quelle qu’elle soit, une PME, un artisan ou un groupe industriel.

Donc, nous nous sommes dit que la première chose à faire c’était d’informer, qu’on allait d’abord faire connaître, expliquer les différentes problématiques du handicap. Nous avons commencé par les managers, ensuite les ingénieurs, les techniciens, puis l’ensemble des collaborateurs.

Notre premier levier d’action c’est la formation et la sensibilisation au handicap de tous les salariés à tous les niveaux. Permettre d’appréhender la situation de handicap dans sa réalité, se mettre à la place de la personne. On organise notamment des journées basket fauteuil pour tous nos salariés.

Le tout premier enjeu c’est de casser les préjugés. Arrêtons de penser que la normalité c’est nous. On vit tous ensemble, on est capable de travailler tous ensemble.

H : Une fois que ces représentations sont dépassées, quelles contraintes avez-vous rencontrées ?

P-Y.C : Il y a des entreprises que ça va embêter de faire des travaux pour aménager l’accès à l’entreprise ou pour modifier l’ergonomie de certains postes de travail, pas chez nous. Je comprends que ça puisse freiner un certain nombre de chefs d’entreprises.

Mais prenez ce même chef d’entreprise et mettez le sur un fauteuil une journée, peut-être que ça le fera changer d’avis. On a fait des ateliers cette semaine, on a mis certains de nos salariés dans un fauteuil. Ils se sont marrés au début, sauf qu’au fur et à mesure de la journée et des missions à effectuer, ils ont ri de moins en moins parce que du coup ils se sont rendu compte que des énormes difficultés, des contraintes techniques. On a fait un repas dans le noir aussi, je peux vous dire qu’il y a des gens qui ont craqué, qui pleuraient.

On peut parler des heures de la situation de handicap, mais selon moi vous mettez une personne en situation et on se passe d’explication, pas besoin de petit fascicule ! La compréhension se fait d’emblée, croyez-moi !

Alors s’il faut rehausser le plan de travail, s’il faut rajouter tel accessoire pour que la personne puisse travailler dans de bonnes conditions, on le fait.

Une autre action importante, c’est favoriser la communication du salarié par rapport à son handicap, ne pas avoir peur d’en parler. Il y a des gens qui potentiellement pourraient demander une RQTH mais qui ont peur de ce que pourrait penser leur chef ou même leur collègue, de passer pour un profiteur.
Alors que pour nous entreprise, le fait de savoir que telle ou telle personne a un handicap, c’est améliorer son bien-être chez nous et faire en sorte qu’elle puisse avoir le même niveau de performance que son collègue. C’est aussi dédramatiser le fait de se faire reconnaître, ce n’est pas une tare, il n’y a pas marqué « handicapé » dans le dos et au contraire c’est vraiment fait pour aider les gens à améliorer leur bien-être au travail, ça aussi c’est important, donc on a un travail fort là-dessus.

H : Diriez-vous qu’il est plus difficile d’intégrer certains handicaps ?

P-Y.C : Si on dit ça, il n’y aura jamais de handicapés dans les entreprises ! Chaque situation est différente, vous pouvez avoir deux personnes avec le même handicap mais pas forcément les mêmes symptômes. Chacun vit son handicap de façon très singulière.
Faire une croix sur un handicap, ce serait de même niveau que de juger sur l’origine ou la couleur de peau. En ce qui me concerne je ne me pose pas cette question, je regarde la compétence.

Nous avons un ingénieur sur l’agence de Marseille, un brillant ingénieur qui sort d’une grande école et avec de l’expérience puisqu’il a travaillé chez des confrères. Il est sourd, il est amené à dialoguer avec les clients, et avec l’extérieur, nous avons donc acheté un outil adapté à son handicap. C’est le système TADÉO, c’est relié à une plate-forme informatique avec un intervenant qui traduit instantanément le discours de l’interlocuteur et celui de notre salarié pour pouvoir communiquer. On aurait pu se dire : « ouhlala, il est sourd, c’est un ingénieur, donc un cadre, un poste à responsabilité, il y a beaucoup de contacts avec les fournisseurs, les clients.... On ne va pas se lancer là-dedans ! » Mais non, parce que ça serait grave de se dire ça, en tout cas pour moi.

H : Vous parlez de SOM comme d’un laboratoire, un site pilote, c’est-à-dire ?

P-Y.C : Les actions que nous menons au niveau de SOM, nous les déployons aussi au niveau des autres filiales. Disons que SOM est mise en tête de pont. Nous avons à SOM une population composée exclusivement d’ingénieurs et de techniciens. Si on regarde le taux de personnes handicapées qu’on retrouve dans l’enseignement supérieur, il est vraiment très faible. Au niveau du recrutement sur des postes qualifiés, c’est très difficile d’avoir des candidatures.
Nous nous engageons donc dans des actions de communication vers l’extérieur, généralement tournées vers les écoles (grandes écoles, collèges, lycées) pour expliquer aux élèves handicapés qu’on les attend, nous, les entrepreneurs. Qu’après leurs études il y aura des débouchés, qu’ils pourront faire partie de la vie active comme tout à chacun.
C’est aussi un discours que l’on tient aux familles, parce que les parents peuvent aussi être un frein important à l’autonomie et à l’indépendance de leur enfant. Parfois ils ne veulent pas prendre de risque et préfèrent que leur enfant handicapé fasse un BEP, une petite filière ou le mettre dans un milieu protégé, alors qu’il pourrait d’emblée être en circuit normal.
Nous leur expliquons qu’ils ont droit à tous loisirs au même titre que leurs copains, de faire des études, d’aller jusqu’au BAC et au-delà. À partir du moment ou la personne connaît son handicap, nous allons être capable d’aménager de façon ergonomique un poste pour qu’elle puisse travailler.
Ce sont vraiment des démarches faites à la racine, on commence au tout début. C’est avant tout la formation qui se doit d’être accessible à tous.

H : Quels retours avez-vous par rapport à ces actions ?

P-Y.C : C’est relativement frais, mais si vous voulez on sent que l’Éducation nationale ne voit pas forcément d’un très bon œil nos interventions.
Dans le système tel qu’il est, il y a beaucoup d’entités qui sont dédiées aux jeunes handicapés, type IME, et les parents vont plutôt choisir d’inscrire leur enfant dans ces instituts spécialisés plutôt qu’au sein d’un cursus scolaire ordinaire. Parce que c’est un réel combat au quotidien, on connaît les difficultés d’avoir un éducateur, un auxiliaire de vie scolaire. Quelque part il y a un manque de moyens, un manque d’information des parents, et du coup un renoncement de la part d’un peu tout le monde.
Alors que quand on va dans l’enseignement supérieur, les grandes écoles telles que l’INSA, l’ECAM à Lyon et plein d’autres, on constate qu’il y a un développement des sections, pour aider les jeunes étudiants handicapés et ce n’est finalement pas si compliqué que ça !
Le tout, c’est d’être informé, d’avoir envie, de vouloir, de laisser de côté les a priori du genre : « je suis handicapé donc je ne peux pas travailler en entreprise ». Il faut arrêter de se mettre des freins !
Par exemple, nous accueillons des jeunes handicapés qui viennent de centres spécialisés, ont les gèrent comme des stagiaires classiques pour qu’ils soient dans la réalité et qu’ils voient que finalement ils sont capables de faire comme une personne « normale ». Il faut dépasser la pitié, c’est une réaction naturelle nous sommes des êtres humains, nous n’aimons pas la souffrance, mais pour que ça marche il faut traiter ces personnes d’égal à égal.

H : La capacité à intégrer des travailleurs handicapés dépend elle selon vous de la taille de l’entreprise ?

P-Y.C : C’est une question d’envie et de volonté ! De toute façon les moyens on les a puisqu’à partir de 20 salariés vous pouvez signer un accord et quand vous êtes une petite structure, vous avez des organismes tels que l’AGEFIPH et autres qui peuvent financer un aménagement ou une adaptation de vos locaux pour une personne handicapée. Ce qu’il faut savoir aussi c’est que nombreuses sont les personnes handicapées qui n’ont pas forcément besoin d’aménagement particulier de leur poste de travail. Il faudrait plutôt se préparer à l’idée que cette personne aura peut-être à des moments besoin de partir un peu plus tôt pour des rendez-vous médicaux ou autres mais au même titre qu’un parent qui aurait son enfant malade. L’employeur s’adapte à la situation parentale donc pourquoi pas à la problématique d’une personne handicapée qui fait aussi partie des aléas de la vie.

H : Est-ce que cette politique d’emploi des personnes handicapées apporte une plus-value à l’entreprise ?

P-Y.C : Il y a une fierté grâce à cette dimension sociale de l’entreprise, c’est quelque chose qui anime le groupe depuis très longtemps. Je dirais que même les personnes qui ne sont peut-être pas acteurs à part entière aujourd’hui, sont fiers de l’engagement de leur boîte. Tout le monde est pris en considération, que ce soit l’assistante d’agence, le chauffeur, le grutier, le soudeur, le technicien de bureau d’études ou l’ingénieur, nous ne sommes rien les uns sans les autres, nous sommes de toute façon tous différents à la base et ce qui nous rassemble c’est une envie commune et un environnement d’entreprise propice à y aller ! Si vous voulez je n’ai pas de mal à en parler, puisque je le vis au quotidien, je suis dans le groupe depuis un moment, j’étais au siège, je me suis occupé de gestion d’affaires, j’ai fait pas mal de choses et c’est vraiment une caractéristique de ce groupe que j’ai rarement vu ailleurs. C’est vraiment cette réussite collective et ce souci continuel de ne laisser personne sur le bord de la route. Il y a des moments, on est au top et d’autres où on l’est moins et pour ça dans ce groupe, il y a toujours une main qui va se tendre.

H : C’est dû à quoi, selon vous ?

P-Y.C : C’est les patrons, les dirigeants qui sont convaincus et de ce fait convaincants. C’est, je pense, le fait que ce soit un collectif qui est à l’origine de la boîte. Le démarrage ça a été SOM, au début il y avait 20 personnes et tout s’est construits au fil du temps par association des compétences, par des gens qui se sont croisés, qui avaient des chemins variés et venaient d’environnements techniques différents.
L’esprit de cette PME du début n’a pas bougé et se retrouve au sein de chaque agence d’un groupe de plus de 6000 collaborateurs et ce n’est pas fini.


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