Direction des richesses humaines
Mardi 19 janvier 2010 à 20h35.
Rediffusion le jeudi 4 février à 00h55.
France 5.
Programme sous-titré par télétexte.
Documentaire de Carole Tresca (2009).
Avec la participation de France Télévisions, du CNC (Centre National du Cinéma), du Ministère du Travail et des Relations Sociales.
Avec le soutien de la Région Bretagne.
Durée : 53 minutes.
À travers l"™exemple de l"™entreprise adaptée Bretagne Ateliers, située dans la banlieue de Rennes et qui compte parmi ses 650 salariés, 80 % de travailleurs handicapés, ce documentaire pose son regard sur une entreprise industrielle soumise aux mêmes contraintes que toute entreprise de sous-traitance mais qui a décidé de mettre l"™homme au centre de son organisation. Référence pour les entreprises, en constante croissance, ce sous-traitant automobile résiste à la crise. Déjà diffusé à l’occasion de la dernière Journée internationale des personnes handicapées, ce film propose de découvrir son fonctionnement fondé sur le management participatif.
Chaque année, des dizaines d’entreprises européennes et japonaises visitent Bretagne Ateliers pour s’inspirer de ses méthodes gagnantes. Car, malgré la crise, le groupe créé en 1975 ne licencie pas et poursuit son développement. Avec quatre sites implantés dans la région de Rennes, c’est l’une des plus grandes entreprises françaises adaptées. Elle emploie en effet nombre de personnes handicapées physiques ou mentaux, lourds ou légers. En France, le taux de chômage des personnes handicapées reste toujours deux fois plus élevé que celui de l"™ensemble de la population, malgré la loi de 1987 qui oblige toutes les entreprises de plus de 20 salariés à un taux de 6% de salariés handicapés, chiffre qui est loin d"™être atteint partout. Bretagne Ateliers fait figure de pays de cocagne pour les salariés. « C’est la seule entreprise où j’ai réussi à me stabiliser nerveusement, à trouver un équilibre, à ne pas avoir la boule au ventre en me levant pour aller au boulot, témoigne l’opérateur David Nicole. Nos difficultés sont prises en compte. Ça fait avancer ». Dans le monde du travail, le handicap fait peur et la plupart de ceux qui sont arrivés ici ont connu les difficultés sociales qui accompagnent souvent les problèmes physiques. A l’image de l’opérateur Yannick Le Puec’h : « Quatre ans de chômage parce que le dos bousillé, donc pas de travail"¦ On n’est pas pareils qu’eux, donc on n’a pas notre place dans la société ». Bretagne Ateliers a fait le pari de considérer les handicapés non pas sous l’angle de leurs faiblesses, mais sous celui de leurs richesses. « Notre mission est double, explique Gérard Toussaint, le coordinateur de projets. D’une part, elle est technique et économique parce qu’il faut de la technicité et rentrer du chiffre, d’autre part, elle consiste aussi à faire progresser les hommes"¦ C’est le centre de notre entreprise ». Un choix qui repose sur du management participatif inspiré des méthodes appliquées par les Japonais pour améliorer la productivité des grands groupes industriels. « Tout doit venir de la base"¦ commente Hervé Abgrall, responsable de l’accompagnement social. L’entreprise, c’est d’abord des gens qui y travaillent"¦ L’attention qu’elle leur porte va lui permettre d’être adaptée aux personnes ».
Véritable acteur de l"™entreprise, chaque handicapé bénéficie d’un accompagnement individualisé. Des systèmes informatisés ont pour but de lui éviter le stress. Le travail en équipe est favorisé et des espaces de parole permettent à chacun de proposer ses idées et d’exprimer ses inquiétudes. Ainsi, Christophe, Yannick et leurs collègues revendiquent en tant que travailleur handicapé "œle droit à une place dans le monde du travail" . Tous les jours, dans leur implication, ils prouvent qu"™ils sont capables de travailler et livrer dans les délais requis des pièces de qualité et de sécurité pour des grands groupes industriels comme les constructeurs automobiles.
Fin 2008, la crise affecte brutalement l"™industrie automobile. Une période difficile pour l"™entreprise, un moment de vérité aussi pour tester la validité de sa démarche humaniste. Face à la crise et la délocalisation des petites séries, Bretagne Ateliers doit rebondir et partir à la conquête de nouveaux clients pour la survie de son entreprise. Une partie du personnel s’est vu même affecter des périodes de chômage partiel. Alors, lorsque la société Alstom Transport a passé commande d’un ensemble de pièces pour des rames de train, la confiance est revenue. D’autant plus que, pour leur fabrication, les opérateurs volontaires devront suivre une formation qui leur permettra d’obtenir un diplôme reconnu. Dans le marché concurrentiel de la sous-traitance, Bretagne Ateliers a construit sa réputation sur ses savoir-faire et sur son efficacité. Mais pas seulement. Koulmig Cheney, responsable ressources humaines qui se veut rassurante et très présente auprès des employés, est régulièrement sollicitée pour du conseil : « On nous demande de démystifier le handicap"¦ Comment faire pour intégrer les personnes handicapées, comment les manager, comment réussir à montrer qu’on va en retirer du bénéfice ». Parce qu’elle emploie des handicapés, l’entreprise bénéficie d’aides importantes de l’Etat. Mais, pour Daniel Lafranche, directeur général depuis dix ans, le plus important est ailleurs : « Ça donne un autre sens à la vie collective en entreprise ».
Les archives vidéos de ces émissions sont visibles sur le site de France 5.
Voir en ligne : France 5
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