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Handizzydance : un tango nommé Désir - Le magazine - Culture - handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille
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Handizzydance : un tango nommé Désir

« Au départ, on a vu arriver deux personnes handicapées et à la fin on a vu partir deux danseurs... »

C’est la rencontre de Denis Varoli, danseur avec Ludivine Praud, professeur de modern jazz qui marque le départ d’un projet des plus innovants. Elle lui fait part de son idée de travailler avec les personnes handicapées. Denis Varoli embraye instantanément, et ils créent ensemble l’association Handizzydance. Depuis lors et comme par magie, non seulement les personnes handicapées apprennent à danser le tango, mais elles s’offrent en parfaite harmonie comme partenaires aux personnes valides. Pari gagné, les corps se libèrent, les cloisons s’effondrent et les visages s’illuminent...

Handimarseille : Pouvez-vous vous présenter ?

Denis : Je m’appelle Denis Varoli, j’ai 58 ans et je suis en préretraite, je m’occupe actuellement de mes deux associations. La première que j’ai créée en 2003 s’appelle Dizzydanse Club. Nous y avons actuellement près de cinq cents adhérents. On pratique tous les styles de danse. Cela va de la salsa, en passant par la danse africaine jusqu’à la danse orientale. Nous donnons également des cours de danse aux enfants. C’est à travers le biais de Dizzydanse Club que j’ai rencontré ma professeur de modern jazz qui est diplômée modern jazz et handidanse national. Un jour, elle m’a parlé de son projet de travailler avec les personnes handicapées. C’est à ce moment-là qu’est née l’idée de créer ensemble cette association, dont je suis le président et elle, la professeur principale.

H : Pouvez-vous nous préciser la formation qu’elle a suivi ?

D : Elle est diplômée de danse moderne et classique et elle est montée à Paris chez Handidanse national pour prendre des cours spécifiques, parce qu’on n’apprend pas à danser de la même manière à une personne handicapée qu’à une personne qui est valide. Elle y a acquis les modules handidanse. Il faut savoir que chez Handidanse, il existe quatre modules, handicap moteur, handicap mental, handicap visuel et handicap auditif. Pour le moment elle est diplômé seulement pour les handicaps moteurs, mais nous espérons obtenir des fonds du conseil régional afin qu’elle puisse terminer sa formation.

H : Vous êtes combien de personnes à dispenser les cours ?

D : Outre, Ludivine qui est la professeur principale à l’origine du projet, nous bénéficions de coups de main extérieurs comme vous avez pu l’apercevoir, au cours du forum Handi vers Cité, puisque nous avons fait danser des personnes en fauteuils avec des personnes valides sur le thème du tango argentin. On a donc fait appel aux autres professeurs, et à des élèves du Dizzydanse club pour venir danser avec les personnes handicapées. Nous avons aussi un autre professeur de modern jazz qui attend des fonds pour pouvoir faire aussi sa formation, puisque les formations ne sont pas données malheureusement. On démarrerait donc d’ici trois, quatre mois, si tout se passe bien. Au pire, à la rentrée prochaine, nous aurons au moins deux professeurs de formés.

H : Toutes les formations se déroulent-elles sur Paris ?

D : Oui, du côté de Paris, malheureusement.

H : Quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a amené à travailler conjointement dans les domaines de l’art et du handicap ?

D : La danse, c’est quelque chose qui m’a toujours plu, j’ai toujours dansé, jusqu’au jour où j’ai osé pousser les portes d’une école de danse. J’ai suivi des formations dans plusieurs écoles, ce qui m’a conduit à enseigner. J’ai obtenu le diplôme de la Fédération méditerranéenne de salsa et de be-bop. Ce n’est qu’un diplôme fédéral, dans la mesure où il n’existe pas de brevet d’État au niveau de la danse que je pratique.
Ce qui m’a amené à cela, c’est la présence de personnes handicapées en fauteuil roulant, dans ma famille. De même, tout jeune, j’avais côtoyé des personnes handicapées victimes d’accidents. Ainsi, lorsque j’ai rencontré Ludivine Praud qui travaille dans ce milieu-là et qui m’a présenté son projet, je n’ai pas attendu trente secondes, j’ai répondu : « Si tu veux, on monte une association, on fonce, ça c’est un projet qui me plaît, parce que je le trouve très humain et très ouvert. » Ce qui me gêne à l’heure actuelle c’est qu’on laisse les personnes handicapées entre elles. Mon objectif c’est de les sortir de ces ghettos-là, et de les faire danser avec des gens valides. Ce n’est pas parce qu’elles sont invalides, qu’elles n’ont pas de capacités. On a prouvé encore samedi dernier, durant le Téléthon que l’on pouvait faire danser cinq personnes en fauteuil roulant avec une mobilité hyper réduite. Une fille qui n’arrive qu’à bouger le doigt est arrivée à danser sur du tango argentin et sur de la valse, et je dirais même que c’est elle qui dansait le mieux. Moi, c’est ça, c’est le plaisir de les voir donner quelque chose, de les sortir de leur milieu qui m’a poussé à foncer dans ce domaine-là !

H : Donc, dans vos cours, il y a une mixité ?

D : Oui, tout à fait. Le but comme je vous l’indiquais tout à l’heure, ce n’est pas de créer un ghetto de plus. On a des associations sportives qui font la mixité, d’autres non. Je n’ai pas monté une filiale handicapée pour les laisser entre eux ; ce n’était pas mon but. Mon but, c’est de regarder une personne handicapée comme un danseur, la faire danser avec une personne valide ou avec d’autres personnes handicapées et changer le regard du monde, sur le handicap.

H : Existent-ils des cours spécifiques à chaque handicap ?

D : Comme nous avons démarré il y a très peu de temps, l’association a été montée au mois de septembre 2009 et a été mise en place au mois de mars 2010, avec un tout petit groupe d’élèves handicapés. Nous avons des handicapés moteurs, un handicapé mental léger, un traumas crânien, et des handicaps assez lourds. On commence à se faire connaître. Il faut que les personnes handicapées, sachent qu’on peut leur proposer quelque chose d’autre. Pour le moment nous donnons un cours le lundi et un cours le vendredi. Le but, c’est d’avoir un cours par jour, pour effectuer un travail en conformité avec la spécificité des différents handicaps, et se dire « tel jour, on prend tel type de handicap et un autre, tel type de handicap ». Il est certain qu’on ne peut pas faire danser une personne handicapée mentale avec un déficient auditif ou visuel. Il faut essayer d’être cohérent dans ce que l’on fait. Quoique l’on pourrait tenter l’expérience, je pense qu’on essaiera de la tenter, mais dans un premier temps on va rester avec les modules principaux par rapport au handicap, et voir ce que l’on peut leur apporter avec des personnes valides, et dans un second temps, procéder à une mixité totale.

H : Quand vous faîtes des cours pour les personnes handicapées, est-ce que les personnes valides viennent de manière volontaire ?

D : Quand j’ai parlé du projet handizzydanse, tout le bureau directeur du Dizzydanse club s’est porté volontaire pour faire partie du bureau de Handizzydanse et ils ont trouvé le projet formidable. De même que les élèves qui fréquentent Dizzydanse club. Lors du gala de fin d’année 2009/2010 qui s’est déroulé au mois de juin au Pasino d’Aix-en-Provence nous avons fait danser trois types de handicap : une personne handicapée en fauteuil, une personne un peu attardé et une personne handicapée, qui porte une prothèse à la jambe. Il y avait mille deux cents personnes dans le Pasino, qui ont fait une ovation debout. Durant l’entracte, j’ai eu des félicitations de tout le monde et des élèves qui m’ont dit : « On veut participer ! Si tu as besoin, on vient ! » Et malgré cet engouement, nous attendons d’avoir assez de membres pour pouvoir intégrer toutes les personnes qui veulent venir danser avec les personnes handicapées.

H : Combien d’élèves avez-vous actuellement ?

D : Nous allons dire huit, mais ce ne sont pas huit élèves réguliers. Nous avons deux élèves qui viennent régulièrement et trois qui le veulent.

H : Justement comment se passent les cours ? Comment se passe une séance ?

D : Il y a déjà la prise de contact, on discute avec la personne invalide et on lui donne un projet de chorégraphie. Par exemple là, pour le tango argentin ils étaient demandeurs. On a donc monté toute une chorégraphie autour de ce thème. Quand ils n’ont pas d’idées, nous leur proposons un morceau de musique dans le style qu’ils aiment et nous montons une chorégraphie autour de ça. Nous sommes très attentif, lorsqu’on fait une chorégraphie, à ce qu’ils nous disent. Parfois, on la change pour s’adapter à leurs envies et leur ressenti par rapport à la musique. Pour nous, une chorégraphie n’est pas fermée, tant qu’elle n’est pas apprise par cœur. Elle est ouverte et on y intègre toutes les remarques des danseurs.

H : Y a-t-il des appréhensions, des difficultés particulières, que les personnes surmontent au fil des séances ?

D : Aujourd’hui, la seule difficulté que nous rencontrons, c’est pour les amener jusqu’à l’école. Le problème du transport des personnes handicapées est un problème connu de tous. Soit ils ont des véhicules adaptés, soit les parents ont des véhicules adaptés et ils peuvent amener leurs enfants ou soit les personnes sont dans des centres. Comme c’est souvent le cas, il faut aller les chercher et les ramener avec un véhicule spécialisé. On a donc utilisé les services de la société Ulysse avec qui dernièrement nous avons travaillé sur le Téléthon. Durant deux jours, ils sont allés chercher les personnes handicapées pour les amener sur les lieux du Téléthon. De plus, on a une souplesse dans les cours quand on voit que la personne est fatiguée. Cela a déjà été le cas pour une personne handicapée. Comme elle était fatiguée au bout de vingt minutes, on n’a pas terminé le cours, et on l’a repris lors de la séance suivante là où l’on s’était arrêté. Mais bien souvent, ils en redemandent. Par exemple, j’ai parfois assisté à des répétitions qui ont durées une heure et demie, mais sur leur demande parce qu’ils avaient envie de continuer, et se faire plaisir, alors que la séance devait durer initialement une heure. Lorsqu’on reçoit ce plaisir-là, on ne regarde pas le temps passé.

H : Quels sont les retours que la personne vous donne, après la première séance ?

D : Le premier retour, on le voit de suite, c’est l’illumination du visage des danseurs qui viennent s’essayer. Dès qu’ils sortent, ils disent « je veux revenir ». Autre chose, ils découvrent que nous ne les regardons pas comme des personnes handicapés, parce que bien souvent ils ont peur de sortir de chez eux à cause du regard des autres. Ce n’est pas parce qu’ils ont un handicap physique qu’ils n’arriveront pas à danser. On leur communique cela tout de suite. Jamais personne n’est sorti des cours en s’exclamant « ça m’intéresse pas », jusqu’à présent je n’en ai eu aucun ! Tous, ils sont venu enchanté. J’ai un gamin qui vient d’Arles et qui a dit à ses parents « je veux venir danser ici, toutes les semaines. » Ça c’est beau ! Dès la première séance, il a dit « c’est trop bien ! » À ce jour, il confirme son engouement. Il a déjà participé à trois représentations avec Handizzydanse, notamment celle du Téléthon et du forum Handi vers Cité. Moi, la première chose que je regarde, c’est ce sourire lorsqu’ils ont terminé et qu’ils parviennent à réaliser leurs chorégraphies. À ce moment-là, je ressens de la fierté par rapport au projet que nous avons monté, et je me dis qu’on ne s’est pas trompé.

H : Qu’est-ce que cela apporte aux participants au-delà du plaisir ?

D : Certains découvrent des sensations. Alors que d’autres vont redécouvrir des sensations en s’exprimant corporellement avec ce qu’ils peuvent, parce qu’ils sont vraiment bloqués. Cela leur apporte un apaisement intérieur. De plus, ils se disent « tiens, là on est pas enfermé entre nous ».

H : À cause de la mixité ?

D : À cause de la mixité et du regard que nous posons sur eux. Il est certain que l’on ne va pas faire travailler certaines chorégraphies à des personnes invalides de la même manière que l’on feraient avec d’autres. Il faut respecter le handicap de chacun. On ne peut pas faire certaines choses à certaines personnes handicapées, alors que l’on peut y parvenir avec d’autres. Nous le savons puisque cela fait partie de la formation. Nous apportons aux personnes handicapées de la mixité, notre regard parce que nous ne voyons pas une personne handicapée, mais un danseur. On ne les contraint pas, « on va tourner, vas-y c’est comme ça » et ils vont petit à petit trouver des sensations au point de vue de la musicalité et se déplacer, même pour les personnes qui sont en fauteuil roulants, au rythme de la musique avec la personne valide qui danse avec eux. Ils retrouvent pour certains des sensations qu’ils n’avaient jamais eu. J’ai eu un gamin d’Arles, il est accroc à l’école parce que d’entrée la professeur dans l’un des mouvements le prend dans ses bras et tourne avec lui. Il a dit que « c’est la première fois que l’on me fait ça ». Son visage s’est illuminé. Ce à quoi, elle lui a rétorquée « je danse avec toi, tu es mon danseur ». Il fallait voir sa réaction ! S’il avait pu se lever et l’embrasser, je pense qu’il l’aurait fait ! Voyez, c’est ce ressenti qu’ils ont à l’intérieur. C’est difficile pour moi qui est valide de vous exprimer ce qu’il peuvent ressentir, mais lorsque je vois les sourires et la joie qu’ils expriment quand ils finissent leurs cours ou qu’ils sont en train de danser, c’est phénoménal !

H : Est-ce qu’ils ont des attentes en terme de thérapie ?

D : Je pense que c’est une thérapie pour les gens valides et davantage pour les gens invalides. Parmi toutes les personnes valides qui viennent danser, je vois des gens qui sont stressées, qui vont par l’intermédiaire de la danse, réussir à s’extérioriser. Quand ils rentrent dans l’école, ils oublient leurs soucis et sortent de là, complètement détendus. Alors, rendez-vous compte le bien que cela peut procurer à une personne invalide qui vient danser avec des personnes valides et qui est constamment confrontée à son handicap. D’autant plus qu’elle s’aperçoit à son arrivée qu’on la regarde différemment et que l’on danse avec elle. Là, elle peut s’exprimer en disant « je préférerai faire cela en dansant » et on la respecte en lui répondant « c’est vrai que ce n’est pas mal, on le fait ! ». Il faut le voir, mais je pense que c’est une super thérapie. Ne serait-ce que pour le mental de ces personnes handicapées, parfois renfermées sur elles-mêmes. Elles remontent la pente, et s’ouvrent vers l’extérieur, parce qu’elles s’aperçoivent qu’on les regardent différemment.

H : Et dans leur relation par rapport au corps ?

D : Ils redécouvrent des sensations et des mouvements. Je peux vous prendre l’exemple d’une amie qui a eu la jambe coupée et à qui on a mis une prothèse et qui danse du be-bop. Le be-bop c’est un peu comme le rock’n’roll. C’était une danseuse, et elle avait le moral à néant, mais lorsqu’elle a commencé à faire sa thérapie, elle a exprimé son désir de danser à nouveau. À cette période-là, je n’avais pas encore monté cette association. On a donc commencé à la faire danser petit à petit sur des mouvements très basiques. Aujourd’hui, elle danse aussi bien qu’une personne valide parce qu’on l’a convaincu que bien qu’elle ait perdu un membre elle pouvait danser. Alors, elle s’est totalement investie et elle a retrouvé toutes ses sensations. Elle le dit elle-même : « il y a des mouvement que je fais différemment, mais mes sensations de danseuse je les ai retrouvées ». C’est phénoménal ! Je pense que nous pouvons aider les personnes handicapées nées valides à retrouver des sensations oubliées. Par contre lorsqu’elles sont nées invalides, elles découvrent des sensations nouvelles qu’elles n’avaient jamais ressenti. D’autant plus qu’elles sortent de leur quotidien, c’est-à-dire, manger, écrire et si ils le peuvent, se déplacer avec leur fauteuil. Ils commencent à s’exprimer avec le corps à montrer qu’ils sont là.

H : Lors des spectacles, faites-vous passer des messages au niveau des chorégraphies ?

D : Non, il y en a pas dans les chorégraphies. Le message qu’on veut faire passer, c’est que l’on peut regarder des personnes handicapées comme des danseurs. Pour preuve, lorsque j’ai intégré Handizzydanse au gala de fin d’année du Dizzydanse club, j’ai été obligé de montrer la jambe d’une fille afin de convaincre le public qu’elle avait une prothèse, comme il n’y avait pas beaucoup de lumière. Le message visuellement, il passe tout seul. J’ai eu les félicitations de mille deux cent personnes debout, pour les personnes handicapées qui dansaient dans la salle. Cette ovation a duré dix minutes, le public pleurait parce que ça a été la grosse surprise, pour lui. Bien que tout le monde ait entendu parler que j’avais monté Handizzydanse, ils ne savait pas ce qu’on était capable de faire, avec des personnes handicapées. On leur a montré qu’on était capable de faire des chorégraphies. Les gens m’ont dit : « au départ, on a vu arriver deux personnes handicapées et à la fin, on a vu arriver deux danseurs ». C’est ça le but recherché.

H. - Avez-vous des anecdotes à raconter ?

D. - Oui, j’en ai une, pour vous dire un peu l’esprit que ressentent les personnes handicapées, au niveau de la danse. Nous avions un élève qui ne vient plus, parce qu’il a été très fatigué, le petit Patrick. Il est à vie sur un fauteuil, avec un traumas crânien. Quand il venait, il me disait qu’il adorait la danse et qu’il se "languissait" de faire le gala de fin d’année. Je lui avait promis "si vous êtes au top et que vous avez terminé votre chorégraphie, je vous intègre dans la gala de Handizzydance Club". Ils ont donc travaillé et ils y sont parvenus. Afin de les motiver, la chorégraphie n’était pas très longue. En coulisse, je lui ai demandé si il était pas trop tressé et il m’a répondu "non, Denis, je vais leur mettre le feu !" Normalement quand ils terminaient, ils partaient doucement avec la professeur vers les coulisses, comme c’était prévu dans la chorégraphie. Mais là , il a arrêté son fauteuil et s’est tourné vers le public avec le poing en l’air et avec un sourire jusqu’aux oreilles, en criant " je vous ai mis le feu !" parce qu’il avait réussi son ballet. Et là , de le voir comme ça j’en avais les larmes aux yeux. J’ai pris le micro, mais je n’arrivais plus à parler, j’étais ému de voir la joie de ce gamin. Il était si heureux ! Le public en folie, a fait une ovation et tout le monde avait les larmes aux yeux. Ça c’est quelque chose qui fait chaud au cœur, c’est ça que j’attendais en retour, plus qu’autre chose. C’est de voir le bonheur, qu’on peut leur apporter.

H : Est-ce que vous travaillez avec des professionnels ?

D : L’association a un bureau directeur et un comité de surveillance, auquel nous allons adjoindre un comité technique. Dans ce comité technique, nous allons intégrer du personnel médical compétent pour tous les types de handicap. On leur soumettra les projets et ils nous donnerons leurs avis techniques. Nous allons donc nous structurer, de façon à avoir le moins de pépins possibles, parce qu’on est pas là pour leur faire mal. D’ailleurs c’est la raison pour laquelle il existe des formations spécifiques.

H : Avez-vous des partenariats ?

D : On projette de faire des formations supplémentaires. On a donc demandé au conseil régional, des subventions. On a également eu un partenariat avec Coca Cola, qui a récompensé notre action en faveur des personnes handicapées. Par ailleurs, les Pennes-Mirabeau, c’est l’idéal pour les personnes qui sont sur l’Étang de Berre. Mais je suis très conscient du fait qu’il y a des gens sur Marseille, qui ont des difficultés pour venir sur les Pennes-Mirabeau, ça se conçoit très bien. Je vais donc essayer de négocier avec la ville l’obtention d’une salle où l’on pourrait donner des cours. Cela serait plus pratique pour les habitants de la région, de s’y rendre. J’ai pris des contacts similaires, avec les villes de Gardanne et d’Aix-en-Provence. Enfin, nous contactons des centres parce que nous pouvons nous y déplacer et par exemple adapter un réfectoire pour donner des cours. Suite à des demandes, on y a déjà réalisé des démonstrations et des initiations à la danse avec des personnes handicapées.

H : Qu’est-ce que vous avez comme projet artistique ?

D : Notre projet artistique, c’est de monter plusieurs chorégraphies avec des personnes valides et de faire une mixité totale. On veut montrer au public, que c’est pas parce qu’on est valide qu’on ne peut pas danser avec des personnes handicapées, et par ailleurs, que ce n’est pas parce qu’on est une personne handicapées qu’on n’arrive pas à danser. Le but de Handizzydanse ce n’est pas de leur apprendre à danser, nous n’avons pas cette prétention-là  ! Nous ne pourrons jamais les faire danser comme des personnes valides, mais d’arriver à ce qu’ils s’expriment sur de la musique, en même temps que d’autres personnes. Je crois que si on parvient à cette mixité, on aura tout gagner. Les personnes handicapées auront un autre regard vers les personnes valides en se disant « tiens, on ne me regarde pas pareil, je me sens beaucoup mieux ». Ils oseront affronter le regard de l’autre, parce que bien souvent quand on a une personne handicapée en face, ce n’est pas elle qui baisse le regard, mais la personne valide. C’est cela que je veux changer !

H : Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ?

D : Je remercie la mairie de Marseille de nous avoir accepté au forum Handi vers Cité au dernier moment, parce que je ne savais pas quand il fallait s’inscrire. Bien que l’on se soit inscrit deux mois seulement avant le forum, ils nous ont accepté, et mis sur les plaquettes. De plus, ils nous ont accordé un créneau, pour faire danser des personnes non valides. Cette année, Handi vers Cité, ça a été un plus pour nous faire connaître.

Voir en ligne : Dizzydanse


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