Marseille capitale culturelle, quelle place au handicap ?
Handimarseille s’est rendu à la Maison Diamantée, juste derrière l’hôtel de Ville où toute l’équipe de MP 2013 a pris ses quartiers. Nous sommes avides de questions sur la place donnée aux projets en lien avec le handicap dans la programmation, la participation des associations locales, et la grande question de l’accessibilité. La position de MP 2013 est claire, pas de stigmatisation ! Le choix d’un projet ne se fait pas par ce qu’il traite de tel ou tel sujet mais avant tout pour sa qualité artistique !
Heureusement des projets de qualité en lien avec le handicap, il y en a !
Autre bonne nouvelle, un guide d’accessibilité à la programmation de janvier à mai vient de paraître pour se repérer en fonction de son handicap.
Sabine Camerin : Je suis Sabine Camerin, je suis directrice adjointe de la communication en charge des publics et plus particulièrement le développement des publics spécifiques de l’accueil à l’organisation ainsi que la diffusion de l’information en direction de tous les publics en France.
MP 2013, TOUS ACTEURS !
S.C : Marseille Provence 2013 a reçu le label en 2008 à l’issue d’un appel à projet national. Dans ce projet initial, il y avait un point important qui était la participation de tous. Le volet était :tous acteurs, d’où cette dimension proposant à l’ensemble des publics d’agir à un moment donné, d’être acteurs culturels dans cette capitale.
Et c’est sur ce projet que les équipes ont travaillé en 2008 pour mettre en œuvre la programmation. C’est le format d’une capitale européenne de la culture que de s’adresser au plus grand nombre, quel que soit l’âge, l’appartenance sociale, la situation de handicap...
LES ÉVÉNEMENTS EN LIEN AVEC LA HANDICAP
S.C : Sur le site internet vous ne trouverez pas de rubrique handicap. L’objet d’une programmation artistique est vraiment de programmer des manifestations qui parlent des autres, qui font part d’une vision artistique, d’un événement, d’une société ou simplement d’un paysage. En aucun cas la programmation d’un artiste ou d’un événement ne saurait être motivée par son origine ou sa condition, elle est surtout due à la qualité de sa programmation.
Nous ne stigmatisons pas une programmation, au contraire nous essayons de mettre tout le monde au même niveau, les érudits, comme les publics moins habitués à la culture. Et la démarche est la même pour les publics handicapés. Nous avons envie d’y retrouver le même public que celui de samedi soir dans les rues de Marseille. Un public mixte : des familles, des jeunes, des gens du quartier, tous milieux sociaux confondus, c’est notre mission. Accueillir tous les publics, de tous les mettre à l’aise et d’être dans cette générosité-là.
Après, Marseille Provence 2013 comporte, bien évidemment, des propositions menées soit par des artistes en situation de handicap, soit en lien avec ce milieu-là. Je pense aux Colporteurs, cette compagnie de cirque menée par un metteur en scène fabuleux qui a réussi à mêler son talent de circassien avec sa sensibilité issue de l’accident qui lui a causé son handicap. Ça donne lieu à une proposition vraiment magique ! Il y a le projet « Intérieur nuit/ Extérieur Jour » sur la cécité. Un autre projet à l’ESBAM, (École des Beaux-Arts de Marseille) qui a invité Pascale Houdin, une chorégraphe qui depuis un an travaille sur la Langue des Signes, l’ESBAM accueillant notamment des élèves sourds. Le projet est en préparation et à l’occasion de la journée mondiale de la surdité au mois de septembre 2013 nous aimerions beaucoup développer cette programmation-là.
L’ACCESSIBILITÉ DE LA PROGRAMMATION AUX DIFFÉRENTS TYPES DE HANDICAP
S.C : Il est évident qu’un tel projet s’appuie énormément sur des coproducteurs. C’est-à-dire des partenaires culturels qui sont à la tête d’établissements et d’équipements pour lesquels ils ont pour la plupart mené une politique des publics et notamment d’accessibilité vers un public handicapé. Ensemble nous avons monté une programmation extraordinaire pour l’année 2013 !
Lorsque nous sommes coproducteurs partenaires dans une structure culturelle, c’est à elle que revient la charge de l’accueil des publics au sens large. Et, si nous avons un rôle de conseil et d’accompagnement, nous n’organisons pas nous-mêmes cette accessibilité. Notre fonction s’entend en terme de coordination et d’information, c’est une différence importante.
Sur les événements, dans l’espace public, il y aura des notions d’accès, par exemple des rampes pour les fauteuils, l’autre notion est celle de l’accompagnement des structures elles-mêmes qui encadrent des groupes de personnes handicapées. À la fois l’accessibilité physique sur des points de vue et à la fois des accompagnements et la présence d’interprètes pour signer, d’autres propositions d’accessibilité. Pour les conférences de presse, les rencontres avec le public, pour les plus importantes, Marseille Provence 2013 a mis en place un accompagnement systématique afin de permettre la traduction en langue des signes. C’est le message fort que nous souhaitons transmettre.
Concernant les infrastructures, il y a le J1 c’est un lieu que nous gérons à 100% et dans lequel nous avons mis en place des outils permettant l’accessibilité permanente des personnes en situation de handicap. Et sans stigmatiser ces publics en leur permettant tout simplement de pouvoir y entrer à n’importe quel moment sans attendre une heure de visite spécifique. Les outils en place sont notamment des médiateurs munis d’émetteurs-amplificateurs pour leur permettre d’ être audibles à la fois par des personnes équipées d’appareils auditifs et par des personnes équipées de casques. Toute une série d’outils qui fonctionnera au quotidien. Il y a des guides pour la visite de l’exposition qui sont édités en grande police, il y en a en braille aussi.
La ville de Marseille, via la Division des Personnes Handicapées a vraiment mené une grosse réflexion et a fait un énorme travail notamment, au Musée des Beaux-Arts du Palais Longchamp. Il rouvrira en mai pour accueillir « l’exposition événement » de la Capitale, le Grand Atelier du Midi. C’est une exposition sur 2 lieux à Aix-en-Provence et Marseille et qui présentera plus de 200 toiles, de grands peintres des Beaux-Arts qui ont peint autour de l’image de la Provence, du Midi. Lors de la rénovation de ce musée, il y a vraiment eu un énorme travail sur l’accessibilité du lieu et des contenus, pour tous les publics.
L’accessibilité, paraît être une évidence, c’est un besoin, mais, c’est souvent très compliqué à mettre en œuvre. Or, si on le pense dès le début, c’est beaucoup plus facile à intégrer.
L’INFORMATION SUR L’ACCESSIBILITÉ DES LIEUX ET ÉVÉNEMENTS, UN GUIDE SPÉCIFIQUE
Avec Bouches-du-Rhône Tourisme nous faisons un travail de recensement pour organiser un outil destiné aux publics qui souhaitent en savoir plus et notamment pour le public handicapé.
L’idée est de créer un outil qui sera envoyé à la demande, en direction des personnes handicapées de manière individuelle, des professionnels et structures encadrants les groupes de personnes en situation de handicap etc. Ils pourront y consulter des extraits de la programmation. Le programme 2013 ne s’explique pas sur une brochure, pour la totalité des 900 projets dans toutes les disciplines et les lieux, ce serait absolument indigeste.
Nous avons pensé un ensemble de supports thématisés. Un outil qui donnera ses repères au public handicapé. Par ailleurs, nous avons édité un petit catalogue des temps forts pour faciliter l’organisation des enseignants dans la capitale et comme nous avons pu le faire pour les scolaires nous le ferons pour ce public.
La première plaquette, sur la programmation de janvier à mai vient d’être finalisée et est en cours d’impression. Nous ferons de même tout au long de l’année. Ce sera consultable sur internet et perpétuellement enrichi.
Sinon le meilleur moyen est encore de s’adresser aux Comités départementaux du tourisme, à la cellule qui est dotée du label Tourisme et Handicap ce qui permet d’avoir des interlocuteurs et les informations en direct.
L’ACCESSIBILITÉ À LA CULTURE APRÈS 2013, QU’ESPÉRER ?
S.C : Il est trop tôt pour le dire , mais il en restera certainement des traces. Il y a un tel retard à Marseille, que cet événement a fait gagner un petit peu plus de temps.
Ça fait 20 ans que je travaille sur de gros événements culturels et rares sont les fois où j’ai vu un public aussi mixte que lors du week-end d’ouverture, entre les jeunes des quartiers, les familles, des bobos... une vraie mixité des publics. Une population qui sait partager. Une vraie candeur a traversé ce moment-là.
La société ne va pas changer grâce à une soirée mais ça laissera forcément des traces par l’action de la culture, ce sont les artistes qui permettent cela dans la société, ces rencontres, ce partage. De proposer à l’issue d’un spectacle, d’une exposition un regard un peu transformé. C’est comme ça que l’on amorce des changements en profondeur.
Vous avez trouvé cet article intéressant ou utile, votez :