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Aides technologiques, CREEDAT, pour tout savoir

Les nouvelles technologies améliorent considérablement le quotidien des personnes handicapées dans leur vie courante et professionnelle. Pouvoir bénéficier de leurs derniers apports est une chose essentielle, encore faut-il connaître les nouveaux produits dès leur apparition sur le marché et qu’ils puissent parfaitement correspondre aux besoins et particularités de la personne. C’est là qu’intervient le CREEDAT, Centre régional d’essai, d’exposition et de documentation sur les aides techniques de la région PACA qui est une association dirigée par l’ergothérapeute Odile Marconnet.

Handimarseille : Bonjour, pouvez nous présenter le CREEDAT, ses objectifs et axes de travail ?

Odile MARCONNET : Bonjour, je suis Odile MARCONNET ergothérapeute et directrice du CREEDAT. Il s’agit d’une association, fondée en 1986, à l’initiative de mutuelles et de médecins rééducateurs, pour conseiller les personnes handicapées à domicile, sur tout ce qui est aménagement et aide technique. La mission du CREEDAT, c’est d’être d’abord, un centre de ressources sur tout ce qui existe comme matériel, pour les personnes handicapées, quelque soit leur handicap, physique ou mental et quelque soit leur âge.
Le but dans un premier temps, c’est de répertorier tout ce qui est matériel, pour qu’on puisse, nous ergothérapeutes, le connaître, et pouvoir donner un meilleur conseil à la personne. Nous avons donc un documentaliste qui s’occupe de répertorier tout le matériel, de connaître les adresses de distribution, de fabrication et évidemment de revendeurs locaux, pour savoir à qui s’adresser.
Dans un deuxième temps, la mission du CREEDAT, c’est l’évaluation et le conseil chez la personne. C’est une mission qui est très importante, à laquelle on est attaché ; on ne fait pas du conseil par téléphone. En tant qu’ergothérapeute, qui est un métier paramédical, on va chez la personne qui est en difficulté pour manger, se déplacer, pouvoir écrire, communiquer. Et, en fonction de ses déficiences, de ses incapacités, mais aussi de ses capacités et de son environnement, on va lui conseiller l’adaptation dont elle a besoin.

H : Quand vous dites « chez la personne », cela concerne également son lieu de travail ?

O.M : Tout à fait, tout lieu de vie en fait. Maintenant on dit espace de vie, parce que l’espace de vie ça peut être effectivement le domicile, mais aussi le lieu de travail, la maison de retraite, l’école... Enfin voilà, c’est là où est la personne, où elle vit et où elle exprime ce besoin. Donc il est vrai que c’est large, il y a beaucoup de choses à faire mais le choix, l’aménagement et la préconisation du matériel se fait toujours en lien avec la personne ; ça c’est vraiment une notion importante.
Il y a aussi tout un temps d’acceptation ou de priorisation du matériel à acquérir ou de l’aménagement à faire. C’est une expérience sur du long terme. Moi, ça fait bientôt vingt ans que je travaille au CREEDAT, je commence à bien maîtriser tout ça ; donc embaucher des jeunes ergothérapeutes c’est aussi les former à toute cette procédure, qui est complexe car il faut prendre en compte tous les critères qui sont autour de la personne, en plus de son handicap. Ce n’est pas facile parce qu’il faut du temps, de l’argent, et parfois cela nous pose quelques soucis. Voilà, ce sont les deux missions propres du CREEDAT, avec aussi une mission d’information sur le matériel existant. On organise des journées à thème tout au long de l’année, sur du matériel, une innovation à faire connaître ou sur un thème précis. Cela fait partie du travail du documentaliste avec l’ergothérapeute ; on se met d’accord, on créé une journée à thème, souvent c’est une demi-journée, le fabriquant ou le revendeur vient et c’est accès libre à tous ceux qui veulent bien connaître ce type de matériel.

H : Le Creedat est donc aussi un espace d’essai et d’exposition ?

O.M : Tout à fait. Par essai on veut dire qu’on s’engage aussi avec la personne, à faire les essais du matériel. C’est-à-dire que si elle a besoin d’être accompagnée au moment de l’essai du fauteuil roulant, au moment du devis avec l’artisan, pour voir si ce qu’il propose est bien conforme à la préconisation, ou si notre préconisation n’est pas conforme au bâti, il faut qu’on se mette d’accord pour trouver d’autres solutions.
Donc accompagner la personne, c’est aussi du suivi, c’est de l’essai, et l’exposition, ce sont les journées à thème. On a pensé un temps, à avoir un lieu d’exposition permanent, mais c’est très compliqué à gérer, ça demande beaucoup de travail. Il y a des CICAT (centre d’information et conseil en aides techniques), des structures comme la nôtre en France, qui le font. Après, on peut tester un produit innovant, si on nous le demande. Cela nous est arrivé d’avoir des chercheurs du CNRS qui sont venus, on a regardé avec eux les possibilités, l’intérêt que cela pouvait avoir, et on a essayé avec deux, trois personnes handicapées qu’on connait pour voir si ça pouvait être utile ou pas, s’il y avait une réelle efficacité. Donc oui on a fait aussi de l’essai de matériel innovant, en rapport avec la recherche.

H : Vous êtes la directrice de cette structure, du CREEDAT, est-ce que vous pouvez me parler de votre parcours professionnel, de votre métier ?

O.M : Alors je suis en effet directrice du CREEDAT. Mon parcours, ça a été de travailler d’abord dans des centres de rééducation, pour bien connaître les pathologies, les personnes. Tout le coté rééducation de l’ergothérapie, c’est réapprendre à manger, réapprendre à écrire, à parler, pour les personnes handicapées. Après ce qui m’intéressait, c’était de sortir de la rééducation et aller en réadaptation, c’est-à-dire aller dans des structures comme le CREEDAT. J’ai donc travaillé avec des enfants, au départ en réadaptation, avec des structures, les SESSAD (services d’éducation spécialisée et de soins à domicile), où l’on fait une rééducation à domicile, donc on adapte vraiment la rééducation là où est l’enfant au lieu que ce soit dans un centre.
Après, la structure CREEDAT m’a permis de toucher à la réadaptation, c’est-à-dire tout ce qui est vie quotidienne. On n’est plus dans un centre, tout n’est pas adapté, loin de là, et il faut donc trouver les solutions pour que la personne en situation de handicap puisse avoir son autonomie. Un grand mot n’est-ce pas ?
Ce qui m’intéressait au CREEDAT, c’est d’avoir cette possibilité de trouver des nouvelles solutions, d’être avec la personne en fonction de ce qu’elle est, de son environnement, de ce qu’elle veut faire. Avec la nouvelle technologie qu’est internet, qui a été révolutionnaire pour les personnes handicapées, elles ont accès à toute l’information sur les nouveaux produits. Après, ce qui est important, c’est que ces nouveaux produits soient adaptés à la personne. S’ils ne sont pas adaptés, ça ne lui servira à rien, elle sera plus handicapée qu’autre chose et cela risquerait d’empirer son handicap. Donc ce qui est important, c’est de toujours faire l’interface entre le produit et la personne, est-ce qu’elle va avoir accès à ce produit ? Est-ce qu’elle va pouvoir s’en servir ? Et si elle s’en sert, à quoi ça va lui servir ? Il faut que ça ait un sens, une utilité. C’est ça qui est intéressant dans ce genre de structure, c’est ça qui m’intéresse.

H : Pouvez-vous nous donner un exemple concret de ce travail d’adaptation ?

O.M : En ce moment on est beaucoup dans les accès uni-commande, c’est-à-dire qu’à partir d’un fauteuil roulant, on va commander à la fois le fauteuil, mais aussi l’ordinateur, on va commander le contrôle d’environnement, c’est à dire qu’il va permettre à la personne, d’allumer sa lumière, éteindre sa télévision... Cette commande en soi, c’est très bien pour les personnes lourdement handicapées, mais il faut quand même qu’à la base, la personne puisse la manipuler. Donc tout notre travail, ça va être de trouver l’accès pour la personne, à ce produit. Si il n’y a pas d’accès possible, si elle ne peut pas s’en servir, ça ne sert à rien de lui proposer un truc super chouette qui va lui permettre d’être super autonome toute seule. C’est très important. Souvent quand il y a eu des recherches de produits, les gens voient surtout la finalité, mais en amont il faut quand même voir comment on va pouvoir manipuler pour y arriver.

H : Vous me disiez tout à l’heure que vous travaillez avec tout type de handicap, tout âge, est-ce qu’il y a un handicap particulier avec lequel vous avez l’habitude de travailler ?

O.M : Alors, je dirais que non. On est plus dans le handicap moteur, c’est sûr, parce que c’est là où il y a le plus d’innovations, le plus d’avancées, et où il y a le plus de produits qui ont été créés. Mais après, la principale difficulté des personnes c’est se laver, voilà. C’est 70 % des demandes qu’on a, tous âges compris. La deuxième difficulté, c’est se déplacer, quelque soit le type de handicap ; se déplacer chez soi, mais surtout sortir de chez soi. Et après, vient en troisième, l’accès à la communication. Maintenant, il y a aussi toutes les aides humaines, les gens qui interviennent à domicile pour aider la personne handicapée. Ces aides humaines, sont très importantes à prendre en compte, elles sont essentielles pour que la personne continue à avoir un contact avec l’extérieur, c’est un grand soutien, un échange. Il ne faut surtout pas supprimer ce système d’aides humaines, parce que ça fait partie des relations sociales. On parle des réseaux sociaux facebook, mais je pense que la première relation sociale à faire, c’est avec l’être humain. On n’est donc pas là pour supprimer les aides humaines, on est là pour compléter, pour aider, pour que les personnes n’aient pas mal au dos quand elles vont soulever une personne handicapée, mais on n’a pas vocation à supprimer les aides humaines.

H : Quand vous parlez d’aide humaine, vous ne parlez pas simplement des ergothérapeutes qui accompagnent la personne, vous parlez aussi de tout ce qui est « service à la personne » ?

O.M : Tout à fait. Quand on fait de la formation auprès de ces personnes, qui vont intervenir auprès des personnes handicapées, personnes âgées, on leur dit bien que le matériel ne va pas leur faire gagner du temps ; il va les soulager, il va leur permettre d’avoir du temps pour être avec la personne. C’est-à-dire qu’un soulève-personne à manipuler, c’est long et compliqué au départ, et ça ne va pas faire gagner du temps, ça va lui permettre de ne pas avoir mal au dos dans les dix ans qui vont venir. Donc l’aide technique n’est pas là pour supprimer un contact humain, elle est là pour aider, pour suppléer, pour soulager. Pour les personnes vieillissantes, l’innovation aujourd’hui touche à tout ce qui est contrôle de la personne à la chute. On est en train d’inventer des systèmes de capteurs à domicile, qui vont permettre d’être relié à un centre qui sera prévenu de la chute d’une personne et pourra faire intervenir quelqu’un. Ça n’empêche pas le contact humain. Après, les personnes qui vont avoir ça chez elles, est-ce qu’elles vont aimer être filmées ou avoir des capteurs en permanence ? Enfin voilà , il y a tout ce problème qui se pose aussi. Parce que c’est important de savoir comment les gens vont supporter ça.

H : Vous évoquez un problème d’acceptation de matériel, cette appréhension par rapport à une nouvelle technologie concerne simplement les personnes âgées ou est-ce quelque choses de plus large, que vous retrouvez dans votre travail ?

O.M : Non, majoritairement les personnes âgées. Les personnes handicapées sont avides de nouvelles technologies, ça ne veut pas dire qu’elles ont besoin forcément de ça, mais elles voient que ça évolue, elles aiment voir qu’il y a du matériel nouveau, elles aiment que ça progresse, elles aiment voir qu’on a enfin accès à ça. L’informatique ça a été révolutionnaire quand même, ça a été un accès à la communication incroyable. Donc les nouvelles technologies, comme je vous le disais tout à l’heure, c’est important si c’est bien adapté à la personne. Il ne faut pas mettre de la nouvelle technologie, pour mettre de la nouvelle technologie.

H : Concernant les demandes qui vous parviennent, Comment ça se passe ? Ce sont donc les gens qui viennent vers vous ?

O.M : Alors les gens viennent vers nous, on va dire à 10 %, sinon on a quand même des conventions avec des organismes qui nous permet d’intervenir auprès des personnes. Donc on a une convention avec le conseil général 13, par exemple. On travaille avec le SDPH (service départemental des personnes handicapées), la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), la CARSAT (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail), anciennement CRAM Sud-Est (caisse régionale d’assurance maladie). Donc on s’adresse aux personnes qui ont plus de soixante ans, mais qui sont peu dépendantes, qui ont une petite déficience. Des personnes qui ne peuvent plus rentrer dans leur salle de bain, ne peuvent plus franchir les marches pour rentrer et sortir de chez elles. Ce sont des petites incapacités, mais c’est bien d’intervenir maintenant avant que ça empire, pour voir comment on peut trouver des solutions avec ces personnes-là.
Nous travaillons aussi avec des réseaux, par pathologies, des réseaux gérontologiques, on travaille avec le réseau SLA (sclérose latérale amyotrophique) qui a travaillé avec l’institut de la maladie d’Alzheimer. Nous essayons d’avoir le maximum de conventions avec des organismes, parce qu’on sait que ce sont eux qui vont nous orienter des personnes. Ces personnes sont de plus en plus sensibilisées à l’importance de l’aménagement du domicile, mais il faut quand même faire le pas, les solliciter, les informer, leur dire que de toute façon on ne fera rien sans leur accord, car il faut aussi les rassurer sur ce dispositif.

H : Vous me disiez tout à l’heure que le handicap moteur c’était le domaine où il y avait le plus d’innovations technologiques. C’est le domaine de la robotique, de la domotique ? Est-ce que vous pouvez m’en dire un petit peu plus sur ces innovations technologiques ?

O.M : C’est le fauteuil roulant, par exemple. Il y a eu des progrès parce que c’est le handicap le plus représenté au niveau des besoins en technologies. Nous avons aussi parlé des technologies uni-commande qui concernent le handicap moteur, le handicap visuel. Le handicap auditif est moins connu, mais il y a aussi des choses qui se font, il y a la boucle magnétique. C’est un système pour les personnes qui sont sourdes, mais appareillées. Les salles sont équipées d’un système de transmission du son, qui fait que la personne appareillée va l’entendre de manière plus importante et de manière claire. Donc ça, c’est quelque chose de simple, qui a un coût, mais qui solutionne l’accès au son dans les conférences, les cinémas, les concerts etc.

H : Vous revenez souvent sur la problématique du coût, du temps, de l’argent. Est-ce qu’il s’agit du principal frein à l’accès aux nouvelles technologies ?

O M. - Forcément oui. C’est le nerf de la guerre pour tous. Il y a eu beaucoup de progrès sur le fauteuil roulant électrique, il y en a qui sont remboursés à 100 % par la sécurité sociale. Mais, j’insiste, l’innovation ce n’est pas que de la technologie, c’est important d’avoir de la technologie, mais l’essentiel c’est d’avoir accès à cette technologie et l’accès, c’est la question financière, mais c’est aussi que la personne puisse avoir les outils pour pouvoir manipuler cette nouvelle technologie.

H : Quels sont les organismes qui interviennent dans l’aide au financement, à part la sécu ?

O.M : A part la sécu, c’est la MDPH, quand même. Après, il y a les financements complémentaires, il y a les mutuelles, qui interviennent de plus en plus. Les caisses de retraites complémentaires, pour les personnes âgées. Ça c’est pour l’accès à la technologie, au matériel innovant ; après, pour les aménagements à domicile, ce sont d’autres financements. C’est la MDPH pour les personnes handicapées, c’est la CRAM du Sud-Est pour les personnes âgées, il y a les dispositifs APA (allocation personnalisée autonomie) du conseil général, pour les personnes âgées dépendantes. Il y a l’ANAH (Agence nationale de l’habitat) qui est un dispositif DDE (direction départementale de l’équipement), qui a une enveloppe financière pour l’amélioration de l’habitat. Après, on retrouve des financements complémentaires, les mutuelles, les CCAS (centres communal d’action sociale) de certaines villes participent, l’ALGI (Association pour le logement des grands infirmes) aussi au niveau national. Le problème, c’est que chaque organisme a son propre dossier d’aide au financement. Donc ça, évidemment ça ne simplifie pas la vie des personnes, parce que si elles ne sont pas accompagnées, si il n’y a pas quelqu’un qui les aide pour remplir ces dossiers, ça reste quand même compliqué.

H : Donc, vous les accompagnez, vous les orientez vers des structures. Participez-vous au montage de certains dossiers ?

O-M : Alors, ça dépend de qui nous mandate la personne. Pour des gens qui ne rentrent pas dans la MDPH, mais qui dépendent quand même du conseil général 13, on fait avec elles des dossiers d’aide au financement. C’est-à-dire qu’on fait de A à Z, on va de la préconisation jusqu’au financement compris, sachant qu’il reste souvent un montant à charge pour la famille. Il n’y a jamais de financement total, ce qui est un petit peu normal. Parfois il y a un gros reste à charge pour la famille, ce qui peut l’empêcher de réaliser ce projet, c’est important de le dire. Sinon, avec d’autres organismes comme le CARSAT, enfin la CRAM, ce sont eux qui gèrent tout le financement. Ils nous mandatent juste pour la préconisation, éventuellement une visite de suivi pour voir avec l’artisan ou le revendeur si il y a un souci, mais on s’arrête là dans notre mission. Donc ça dépend du type de convention qu’on a, avec les organismes. S’il y a une personne individuelle qui s’adresse à nous pour acquérir du nouveau matériel ou faire des aménagements, on l’oriente vers les organismes qu’elle peut solliciter. Mais on ne fera pas forcément les dossiers avec elle.

H : Vous évoquiez tout à l’heure l’argent, le nerf de la guerre. De qui dépend le CREEDAT ? Comment vit-il au quotidien ?

O.M : Alors le CREEDAT est une association loi 1901, qui est prestataire de service. C’est un petit peu compliqué, car en France, soit vous êtes une association et vous avez des bénévoles, soit vous êtes autre chose. Actuellement ce n’est pas évident d’être une association avec des salariés, il faut vraiment justifier pourquoi on a des salariés, ce que je trouve dommage, parce qu’ils apportent tous une compétence. On apporte à la fois la compétence du salarié et le dispositif associatif qui propose une prestation qui n’est payée par personne en fait, qui est née du bon vouloir de nos missions et de notre association. Mais donc, nous avons des financements du conseil régional, des conseil généraux, du 13 en particulier. On a des financements de la CARSAT et après il y a des prestations individuelles. Les conventions qu’on a avec le conseil général par exemple, il y a aussi une prestation pour chaque dossier. Donc c’est vrai que c’est un dispositif qu’on développe de plus en plus parce que comme les subventions baissent, il faut qu’on trouve des financements, un peu comme une entreprise, c’est-à-dire, se faire payer à l’acte, se faire payer au dossier, se faire payer à la demande, voilà. Il faut qu’on trouve sans arrêt des nouveaux systèmes de financement pour qu’on puisse continuer à vivre et payer les salariés qui sont là.
Le CREEDAT s’est quand même engagé à embaucher deux personnes handicapées sur quatre, ce qui faisait partie de notre vocation. Ces personnes sont là depuis vingt ans, elles sont passées de contrats aidés à des contrats CDI, ça veut dire aussi qu’il faut les payer, et qu’à un moment il faut aussi un peu les augmenter parce que sinon elles ne restent pas dans la structure. Tout ça rentre en jeu, on est soumis à ça. Mais c’est un petit peu le challenge, aussi.

H : Est-ce que ce challenge ne va pas se heurter à certaines limites, à une impasse, dans le sens où les subventions baissent, mais en même temps la demande, due notamment au vieillissement de la population, est croissante. Est-ce que vous envisagez des solutions ou est-ce que vous pensez qu’à terme il n’y en aura pas ?

O.M : Moi je pense qu’il y a toujours des solutions, je suis d’une nature optimiste, après c’est à nous d’évoluer aussi en fonction de la conjoncture. On peut pas fermer les yeux, en se disant : il n’y a plus de subventions, on ferme. Ce n’est pas une solution. Vu qu’il y a toujours des besoins, c’est donc à nous aussi d’être innovant, de trouver d’autres manières. On est trois associations déjà dans le local, on essaye de plus en plus de mutualiser certains pôles, le pôle communication par exemple on va le faire à trois plutôt que de le faire tout seul chacun dans son coin. Par rapport aux nouvelles technologies, on a créé ce qu’on appelle un laboratoire, c’est un nom un peu pompeux, mais c’est ce que chaque association trouve d’innovant qui peut aider d’autres associations à avancer.
On peut travailler ensemble, ou on peut justement solliciter, par exemple le CNRS, enfin des groupes de recherches, pour qu’ils viennent essayer chez nous et que nous puissions essayer chez eux en échange. On est en train de développer quelque chose de transversal, qui demande moins de moyens à chacun mais qui permet d’avoir un pôle de recherches et d’innovation efficace. C’est un projet en cours, ça demande aussi des financements donc il faut qu’on trouve des partenaires par rapport à ça. Effectivement, il faut qu’on trouve d’autres solutions, on essaye de s’orienter aussi vers la formation, former les gens à domicile, former les structures. Enfin, faire de l’information, il faut informer sans arrêt, informer sur les mêmes choses, mais dire qu’on existe, qu’on est là avec eux, que l’on peut être un plus par rapport à ce qu’ils font. Tout ça, c’est important.

H : Pouvez-vous nous parler éventuellement des projets à venir du CREEDAT ou des vôtres, il y a-t-il des projets-clés pour l’avenir ?

O.M : Les projets-clés, c’est les pôles inter-associatifs, ça c’est quelque chose d’important. Il faut faire évoluer l’association, faire évoluer les conseils d’administration et faire évoluer les salariés. On n’est plus chacun dans son coin, mais on essaye de travailler à trois, donc que chacun garde son identité mais en même temps puisse travailler avec d’autres. Ce n’est pas évident, surtout quand ça fait longtemps qu’on est dans une structure. Donc ça aussi c’est un challenge, et puis le challenge c’est s’adapter aux nouveaux moyens de financements, c’est-à-dire les prestations, pourquoi pas du mécénat ? Voilà, il faut que l’on soit innovants, c’est vraiment un challenge sur le financement. Le mécénat est quelque chose auquel on pense de plus en plus. Ce n’est pas évident, parce que ce ne sont pas des grosses entreprises qui sont hyper sollicitées qui vont venir nous aider, nous, petites associations régionales. Donc il faut trouver des entreprises moyennes, mais les entreprises moyennes est-ce qu’elles ont le temps ? Voilà. Il y a donc un travail de recherche à faire par rapport à ça, et ce n’est sûrement pas vers les petites entreprises qui ont le nez dans le guidon et qui cherchent juste à avoir une part de marché pour fonctionner. Donc, c’est trouver les entreprises moyennes, à l’échelle régionale. Je pense qu’il peut y avoir des choses à faire là-dessus ; l’intérêt pour eux, c’est d’avoir un dégrèvement d’impôt sur le mécénat. Est-ce que ça les motive ou pas ? Après, c’est des questions de personnes, si la personne a envie ou pas d’aller dans ce genre d’actions.

H : Bien, je vous remercie.

O.M : De rien. Avec plaisir.

Propos recueillis par Ugo Chavarro


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