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Avec elle en classe, tout se passe bien

Aider à la scolarité des enfants en situation de handicap

Quatre années en tant qu’assistante de vie scolaire ont permis à Cécile d’accumuler la rigueur et la technique que lui impose cette activité professionnelle. Malgré la précarité de son statut, elle se donne à 100% pour les élèves dont elle s’occupe et ça se ressent. Rencontre avec l’une de ces personnes qui donne aux élèves en situation de handicap, une chance de plus de réussir.

Handimarseille : Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Cécile Sarré : Je m’appelle Cécile Sarré, ça fait 4 ans que je suis assistante de vie scolaire (AVS) au collège Sylvain Menu, à Marseille dans le 9ème.

H : Qu’est-ce qui vous a amené à devenir AVS ?

C.S : À la base, j’ai une formation sociale. Je suis conseillère en économie sociale et familiale, et je me suis dit que j’allais essayer le chapitre handicap que je ne connaissais pas du tout. J’ai contacté l’inspection académique, qui m’a installée sur ce poste.

H : Est-ce que vous pouvez expliquer ce qu’est le rôle de l’AVS ?

C.S : L’AVS, c’est l’accompagnement au sein de la structure scolaire de l’élève handicapé. Ça va être de l’aide au déplacement mais également l’aide en classe. Par exemple, on a des jeunes qui sont déficients visuels, il faut des fois agrandir les documents, donc pendant les cours on va vite en salle des professeurs, mettre tous les documents au format A3 pour que ça soit plus simple pour eux. On va mettre des couleurs sur les documents parce que quelquefois, un fond de carte tout gris, pour eux ça ne veut rien dire, alors qu’il suffit des fois de repasser en rose fluo la carte de France et d’un coup, ça apparaît et ça leur permet de faire le travail comme les autres. Il y a aussi l’accompagnement à la cantine. Il suffit de leur porter le plateau pour qu’ils aillent s’asseoir à table avec leurs copains, ou de leur couper la viande parce qu’ils ont des difficultés à le faire ; et après on disparaît et ils continuent leur repas normalement. On a aussi tout ce qui est accompagnement aux toilettes.

H : Par qui avez-vous été recrutée et de qui dépendez-vous ?

C.S : J’ai été recrutée par l’Inspection académique. J’ai passé un entretien face à trois personnes, ils m’ont demandé mes motivations, mon parcours. Pour être en collège, il faut avoir au moins le Bac. Il y a des personnes qui n’ont pas le Bac et qui sont plutôt orientées en tant qu’AVS vers des primaires ou des maternelles. Sinon, je dépends de l’Éducation nationale et c’est l’Inspection académique qui nous emploie, comme les profs.

H : Avez-vous reçu une formation ?

C.S : Oui. Durant de nombreux mercredis dans l’année, on était tous regroupés, les AVS, pour avoir des formations, pour savoir de quoi on parle et savoir comment aider les enfants au quotidien, parce que ça ne s’improvise pas. Au départ, on ne connaissait pas du tout le handicap et quelquefois il fallait improviser. Mais maintenant, la formation se fait pendant une semaine juste avant la rentrée, ce qui est plus logique, au moins, avant de rentrer nous sommes briefés.

H : Comment se déroulent la reconduction de votre contrat et vos affectations ?

C.S : Nous sommes engagés pour une année, donc de septembre à fin août, et c’est reconductible cinq fois. Pour ma part, je vais entamer ma cinquième année. Pour les affectations, souvent ils se débrouillent pour nous arranger pour que l’on soit à côté du domicile, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Au collège où je suis par exemple, il y a des filles qui viennent du 3e arrondissement et qui ont la ville à traverser tous les jours.
Si on commence une année avec un enfant, on va le suivre au moins deux ans, mais des fois, non. Il y a des filles qui sont remplacées une année sur l’autre. Je ne sais pas comment j’ai fait, mais cela fait quatre ans que je suis au même endroit. Si on a un contrat de 20h, on peut être envoyé dix heures dans un collège et dix autres heures dans une école primaire, donc c’est super compliqué à organiser pour le chef de l’établissement. Moi, j’ai un contrat de 32 heures et j’ai la chance d’être au même endroit.
J’ai suivi une jeune qui vient d’avoir son brevet, je l’ai eue quatre ans, de la 6e jusqu’à la fin du collège. C’était génial de la voir progresser.

H : Est-ce que dans le contrat, ils vous fixent des objectifs ?

C.S : Pas du tout. Je crois qu’on se met la pression tout seul à se dire : « là, il faut qu’ils réussissent » alors qu’on est complètement dégagé de ça. C’est vraiment de l’humain, c’est au jour le jour. Et puis parfois, il ne va pas du tout progresser, il en aura marre d’être au collège donc il va rien faire et puis le mois suivant, ça va super bien se passer.

H : Allez-vous vous occuper d’un nouvel élève ?

C.S : Non, c’est les deux mêmes que l’année dernière je crois. On est dans un collège où il y a une douzaine d’élèves handicapés et une dizaine d’AVS. C’est un gros pôle avec une super équipe, et c’est vrai que souvent nous sommes amenés à avoir plusieurs élèves selon les emplois du temps pour faciliter les choses à tout le monde. Et puis c’est sympa aussi de changer, que l’élève n’ait pas toute la semaine la même AVS. Quand on est comme ça en relation toute la semaine avec la même personne, par moments, ça fait du bien de souffler un petit peu ! Ce sont des ados et ils n’ont pas envie d’avoir des adultes sur le dos toute la journée.
Les deux dont je dois m’occuper sont en fauteuil roulant et ont de plus des troubles associés. Celui qui est en 4e, a également un problème visuel de poursuite oculomotrice, donc la lecture pour lui c’est compliqué ; il a aussi un problème de dyspraxie donc il ne peut pas sortir ses affaires de son cartable. Et l’autre qui est en 3e, qui est aussi en fauteuil roulant, c’est le plus autonome des deux malgré son léger problème de dyspraxie. Il est très entouré, alors parfois il me dit : « c’est bon, tu peux me laisser ! » Lui, il écrit seul mais celui qui est en 4e ne peut pas écrire du tout donc, soit il a son ordi, soit c’est moi qui prends le cours si ça va trop vite. Je ne peux pas le laisser en classe, à part s’ils font des travaux de groupe, dans ce cas-là il va avec ses copains et ce sont eux qui écrivent pour lui. Quelquefois, les autres copains pensent que je l’aide pendant les contrôles, alors que je ne suis pas là pour ça. S’il me dit « quatre fois huit, trente-cinq », et bien j’écris quatre fois huit trente-cinq, je n’ai rien le droit de dire même si c’est super dur.

H : Comment s’est passé votre premier jour en tant qu’AVS ?

C.S : Le grand stress ! Parce que le handicap, je ne connaissais pas du tout. On m’avait dit : « voilà ,vous aurez tel enfant » et puis j’en savais pas plus, je ne savais pas du tout quel handicap il avait. Alors, j’ai eu de « la chance » parce que je n’étais pas confrontée à des handicaps lourds dès la première année. Je suis rentrée en 6e avec un jeune garçon, il était « juste » dyspraxique, donc il avait beaucoup de soucis pour faire des gestes tout simples, ouvrir sa trousse, tirer un trait dans son cahier. Il était complètement autonome dans sa vie de tous les jours, il pouvait aller dans la cour avec les autres, pas de fauteuil roulant, rien du tout. Il fallait surveiller sa concentration. C’était plus lui dire : « hou hou ! Ne regarde pas dehors, c’est ici que ça se passe ! » C’était bizarre parce que je ne connaissais pas du tout ce handicap, qui n’est pas visible.

H : Pour un AVS, est-ce facile de s’intégrer à l’équipe éducative ?

C.S : Au collège où je suis, c’est un très grand pôle handicap, donc les profs sont briefés. Mais j’ai des collègues dans d’autres collèges ou d’autres écoles, pour qui ça a été plus dur. Les professeurs, dans certains cas, ne veulent pas d’AVS dans la classe, parce que c’est leur univers, ils ne veulent pas d’un autre adulte. On a quelques profs qui n’ont pas voulu la présence de l’AVS parce qu’on les dérange. On n’a pas de regard de juge sur ce qui se passe en classe, mais c’est vrai que d’habitude, ils sont tout seuls avec une classe de trente ados qui sont là à les écouter et puis là, il y a un adulte. Ce n’est pas forcément évident.

H : Et avec les professeurs, comment s’établit la collaboration ?

C.S : Par exemple pour les contrôles, ils nous les font parvenir avant, et nous on va leur dire : « ce format de texte, il n’est pas adapté du tout pour mon élève, donc il faudrait le présenter en plus grand ». On a un rôle de conseil en fait avec les profs pour que la spécificité de l’élève handicapé puisse être prise en compte.

H : Le contact entre vous et l’élève, ça se passe comment ?

C.S : Ça se passe plutôt bien. Pour l’instant en quatre ans de pratique, je n’ai jamais eu de gros clashs. Ils savent qu’en général, on travaille ensemble.

H : Comment vous définiriez ce lien ?

C.S : Ce n’est en aucun cas un lien affectif, il ne faut surtout pas, on doit rester professionnels. Il ne faut pas du tout qu’il y ait un transfert, ce ne sont pas nos enfants. Il y en a pour qui c’est plus dur que d’autres de mettre cette barrière, mais c’est essentiel. Ils ne vont pas nous garder toute la vie, on est là pour un an ou deux, il ne faut pas qu’on s’attache trop. On fait partie de l’équipe qui s’occupe d’eux, ils sont habitués, ne serait-ce que pour la kiné ou les aides à domicile, il y a beaucoup de personnel autour d’eux. C’est vrai que parfois on est un peu copains, il y a des plaisanteries. Forcément, on se voit tous les jours, on est en classe, on discute, on se demande ce qu’on a fait ce week-end... La gamine que j’ai suivie pendant quatre ans, là je sais que je ne la reverrai plus, ça me fait bizarre. On était vraiment tout le temps là à chuchoter en classe. C’est un peu plus personnel qu’une relation de prof à élève, mais il ne faut jamais y mettre trop d’affect.

H : Comment se passe la relation avec les autres élèves ?

C.S : Ça dépend beaucoup d’eux en fait. Soit il y a des gamins qui sont complètement intégrés dans la classe et ils passent pour des gamins lambdas même s’ils sont en fauteuil ; puis, il y a les autres gamins qui ont un caractère différent ou qui ont été élevés d’une façon différente, et qui du coup, ne vont pas avoir beaucoup de relations avec les autres. Après, c’est vrai que l’AVS, ça stigmatise encore plus le handicap, mais en général, le fauteuil disparaît et le handicap avec. Ceux dont je m’occupe sont très entourés, ils font des soirées pyjama chez les uns chez les autres. Ils font partie du groupe, c’est génial. C’est ça le but en fait de l’intégration en milieu scolaire ordinaire, c’est qu’à la base ils disparaissent dans la foule et qu’ils ne soient pas mis à l’écart dans une institution, ou à l’écart même dans la structure normale.

H : Comment vous trouvez le comportement des autres élèves avec eux ?

C.S : Je trouve que ça les rend tolérants. Ça leur pointe du doigt qu’ils ont de la chance d’être comme ils sont, de ne pas avoir ce handicap en plus. Ils savent qu’il y a des choses qu’il faut adapter pour l’élève handicapé. Même dans les classes un peu difficiles, où il y a des agités, au contraire ça tempère énormément. Ça leur ouvre les yeux sur un monde qu’ils ne connaissent pas, auquel ils n’ont jamais été confrontés. D’un coup, ils se posent des questions, ils se disent : « tiens ! Lui, il a du mérite, parce que de faire ses devoirs, ça lui prend pas dix minutes comme moi, ça lui prend peut-être une heure, parce qu’il faut qu’il dicte à sa maman le soir, ou à la personne qui l’aide à faire ses devoirs ». Ils se disent : « peut-être que j’ai de la chance finalement, je ne m’en rendais pas compte, mais pour moi c’est plus simple ».

H : Est-ce qu’ils se sont intégrés facilement dans les différentes classes qu’ils ont fréquentées ?

C.S : Je crois que pour celui que je suis, qui est en 4e, c’était délicat ses deux premières années en milieu ordinaire. Avant, il était dans une institution, à Saint-Thys. Je pense que c’était un gros stress pour lui, mais qu’il s’est facilement intégré, en plus en 6e, ils étaient tous un peu gamins, là ils avaient tous 11-12 ans, ça s’est très bien passé, et maintenant ce qu’il veut c’est de ne surtout pas retourner en milieu spécialisé, c’est plutôt de continuer comme ça. Il est très heureux au collège, il a toute une équipe de copains autour de lui. En deux-trois jours, il avait une horde de copains et souvent les gamins sont très contents de voir un fauteuil roulant : « je peux te pousser, je peux t’aider ? » « Non, c’est bon, je peux le faire ». Les petits, du moins, en 6e - 5e, sont très volontaires pour tout ça, ils sont chouettes.

H : Et il a des copains qui l’ont suivi de la 6e jusqu’à maintenant ?

C.S : Oui, c’est toujours les mêmes. En plus, dans le collège où je travaille, il peut demander d’une année sur l’autre à conserver ses copains, ce qu’ils appellent : « copains, copines ». Du coup, il a toujours le même noyau de 3-4 copains qui le suivent. En général, le lien qui se construit, c’est comme avec n’importe quel gamin, il va garder ses copains jusqu’à l’âge adulte.

H : Comment ça se passe les rapports avec les parents de l’élève ?

C.S : En théorie, on n’en a pas du tout. Justement pour ne pas que la famille puisse nous mettre une pression de résultat par exemple. La famille s’adresse au collège, le collège nous fait le transfert. Si la famille veut nous parler, on peut institutionnaliser un cahier de liaison.

H : Et les autres parents, est-ce qu’ils sont curieux de savoir ce que vous faites ?

C.S : Oui, quand on est à la sortie, on accompagne l’élève, ils disent : « ah qu’est-ce que c’est ? » Et puis, ce n’est pas très connu en fait la fonction d’AVS, donc souvent c’est de la curiosité, mais de la curiosité saine. Ils disent, au contraire : « c’est génial ce que vous faites ! ». De voir des élèves handicapés en milieu ordinaire, je pense vraiment que c’est un plus pour les enfants, et les parents s’en rendent compte.

H : Qu’est-ce que vous retenez de ces cinq années ?

C.S : Cela m’a permis de relativiser sur plein de choses. Et ça me donne une leçon de tolérance en fait, toute cette force de vie qu’ils ont et qu’ils nous transmettent, c’est génial. Mais, c’est parfois dur de voir qu’ils se rendent compte qu’ils n’y arriveront pas, qu’ils sont au bout de ce qu’ils vont pouvoir apprendre, parce qu’ils ont ce problème moteur, ces troubles associés, ou ces problèmes d’apprentissage. Ils se rendent compte qu’ils ont des limites dans cette compétence-là et c’est douloureux.

H : Quand ils se confient à vous, est-ce que derrière il y a leurs copains qui viennent leur dire : « t’inquiète pas, on est là ... » ?

C.S : En premier, ils se confient en général aux copains et c’est là qu’ils se rendent compte que les problèmes qu’ils ont, les autres les ont aussi dans d’autres mesures, évidemment. S’il y en a un qui a flashé sur une fille et qu’elle n’en veut pas, ce n’est pas forcément parce qu’il est en fauteuil roulant, peut-être que le copain a aussi essayé et qu’elle a également refusé. Et du coup, ils se plaignent tous ensemble et puis, ça repart. Ils sont très entourés, du moins ceux dont je m’occupe ; au pire, des fois, ils poussent un bon coup de gueule, mais les copains sont là .

H : Et les profs comment arrivent-ils à s’adapter ? Est-ce qu’ils ont le même comportement qu’avec un élève ordinaire ?

C.S : Il y a de tout. On a des profs qui vont accepter beaucoup plus de choses, qui vont laisser passer parce qu’ils savent qu’on est là pour les recentrer, le prof va savoir que nous, on prend la leçon, donc il l’étudiera plus tard c’est pas grave. Le problème c’est souvent ça, c’est le prof qui va dire : « bon ben laisse, c’est pas grave s’il n’écoute pas » ou « c’est pas grave si c’est faux », « allez ça va je te mets une bonne note quand même ».
Mais souvent non. Au collège où je suis, ils sont traités comme les autres : « tu n’as pas fait ton devoir ? Ben là tu auras zéro comme tout le monde ». « C’est le kiné, qui est venu trop tard ? Moi, j’y peux rien. Tu as des copains qui n’ont pas rendu leurs devoirs, ils ont eu zéro, tu es comme tout le monde. Tu es dans un collège ordinaire, tu es traité comme tout le monde ». C’est dur, c’est rageant, mais c’est comme ça. En plus, ça leur apprend que ce n’est pas parce qu’ils sont en fauteuil qu’on va les excuser pour plein d’autres choses. S’ils arrivent en retard, c’est pareil : « ça fait un quart d’heure que la cloche a sonné ! Tu es en retard à cause de ton taxi, c’est pas mon problème, donc tu sors, tu vas en permanence ». Après ça remonte et la famille n’est pas contente parce que l’élève a été envoyé en permanence.

H : C’est une manière aussi de bien les intégrer dans la classe ?

C.S : Complètement. Parce que si on leur dit : « tu n’as pas rendu ton devoir, je te mets zéro, et ton copain qui a un handicap, non on ne va pas lui mettre zéro ! ». Ils ne veulent pas, ils vont finir par lui en vouloir. Alors que comme ça, c’est la galère, ils sortent tous les deux du cours, ils ne sont pas contents...ensemble.

H : Comment ça se passe quand il y a un contrôle ?

C.S : La plupart du temps, avec celui dont je m’occupe le plus dans la semaine, on sort carrément de classe. En général, on a le droit à un tiers-temps, ou à des exercices en moins et dès qu’on peut, on allonge le temps pour qu’il puisse faire le contrôle en entier, comme les autres. Comme il ne peut pas écrire, il doit me dicter ses réponses. Le prof nous donne le sujet, on file, on va en Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) et on se met à l’écart ; s’il a besoin que je lui lise le sujet ou le texte, je vais lui lire, je lui pose la question et j’attends la réponse. Et même s’il me dit un truc absurde, énorme, je ne dis rien, j’écris. Des fois je n’ose même pas l’écrire. On est censés écrire comme des machines à écrire, comme si l’enfant était seul devant son ordinateur ou seul devant sa feuille et qu’il écrivait ses grosses bêtises à lui. C’est super dur de ne rien dire.

H : Est-ce que vous avez noté des améliorations ? Depuis qu’il est en 6e jusqu’à maintenant, est-ce que vous avez vu des améliorations ?

C.S : Il sait mieux gérer la tierce personne, c’est-à-dire qu’il va savoir demander de l’aide parce que ça, c’est super dur, savoir dire : « là, j’ai besoin d’aide ». Il y en a qui vont trop te demander tout le temps : « oh vas-y fais-moi ça, vas-y fais-moi ça... » Alors que lui, il n’osait pas, il ne demandait rien, il disait : « je vais m’en sortir tout seul ». Après forcément, il fait comme tout le monde, des efforts et des progrès dans ses matières. Les maths, ça se fera petit à petit, il n’aura pas le niveau 4e à la fin de l’année, mais il a progressé. L’autonomie aussi, on est là pour les accompagner là-dessus, et on voit qu’ils progressent là-dessus et c’est bien.

H : Si vous aviez un message à adresser aux lecteurs d’Handimarseille, ça serait lequel ?

C.S : Le message à faire passer, ce serait que cette profession d’AVS soit d’une part reconnue et puisse être titularisée. Parce que là, à la fin de ces six ans, on te dit : « merci et au revoir ! » alors que tu auras travaillé pendant six ans avec la même personne ou pas et tu auras acquis des compétences. J’estime avoir progressé aussi dans la pratique. Et cette expérience, je pourrais la mettre à profit avec d’autres élèves encore sur le reste de mon temps, parce que finalement, on va être remercié, malgré toutes les bonnes compétences acquises.
C’est un public qui me plaît vraiment, que je ne connaissais pas du tout. J’aurais bien aimé continuer mais il me reste deux années scolaires et puis c’est tout. Je voudrais dire aussi aux personnes qu’il ne faut pas regarder ces enfants-là comme des bêtes curieuses, les nôtres ils sont juste à roulettes, et tant qu’ils continueront à être intégrés en milieu ordinaire, je pense que ça fera réfléchir les autres élèves qui sont valides. Ces gamins-là qui sont les adultes de demain, je pense qu’ils seront beaucoup plus tolérants. Si c’était pour tout le monde pareil, ça serait bien.

H : Et après vos six ans de contrat, est-ce que vous vous voyez continuer dans cette voie ?

C.S : Je pense que je reviendrais dans ma fonction première en tant que conseillère en économie sociale et familiale. Mais c’est vrai que c’est vraiment un public qui m’intéresserait. Moi ce que j’aime c’est le groupe, pas être à la maison, ça doit être encore différent. J’aimerais bien en faire mon métier. C’est vraiment très intéressant. En plus, je suis au point pour le programme du collège, ça fait quatre ans que je révise, je suis au point et c’est très bon pour la mémoire.

H : Merci.

C.S : De rien.

Propos recueillis par Yoann Mattei


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