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Education accessible - jan. 2008

Mission ASH : de la théorie à la pratique

Depuis un an et demi, Hugues Beaujard travaille comme enseignant ressources informatiques et pédagogiques pour la mission d"™Aide à la Scolarisation des élèves Handicapés : « Ça existe depuis plus longtemps mais ce qui est nouveau, c"™est la loi 2005, qui dit que tout enfant handicapé a le droit d"™être scolarisé en milieu ordinaire, ce qui fait que les demandes d"™AVS et de matériel adapté ont explosé. »

Trois ASH se répartissent le territoire des Bouches-du-Rhône, et chaque groupe d"™enseignants référents a son inspectrice de référence qui gère le groupe. La nôtre gère la mission, les auxiliaires de vie scolaire et le matériel adapté pour les enfants handicapés. Comme aides, y"™a les AVS, le matériel, les transports, l"™aménagement du temps scolaire et le projet pédagogique aussi, la durée de la scolarité.

Les AVS accompagnent les enfants en classe. Ils travaillent pour l"™enseignant et dans le cadre du projet pédagogique, ils aident l"™enfant handicapé à s"™adapter. En primaire, souvent ils sont sur deux classes différentes, ça peut être deux écoles différentes : ils passent douze heures avec un enfant, douze avec un autre. Secondaire, je sais pas"¦ ça dépend, y"™a tellement de cas différents ! Au collège des fois ils suivent le même enfant toute la journée, et ceux dits « collectifs » travaillent pour une classe ou un établissement. Officiellement, ils sont toujours rattachés à un collège mais comme le but du jeu, aussi, c"™est de développer l"™autonomie des enfants, il travaille pas forcément toute la semaine avec l"™enfant : il vient douze heures, par exemple, pour l"™aider à s"™intégrer dans la classe. Ça peut aussi au lycée, ou à la fac ; c"™est encore très rare, et il faut savoir qui finance et tout, et c"™est pas toujours bien clair. C"™est super récent, tout ça.

Le matériel informatique c"™est le même objectif, il doit aider l"™enfant à entrer dans le cadre du projet pédagogique, mais c"™est des choses très variables. C"™est très délicat car pour les parents c"™est un droit, alors que ça marche pas comme ça : ce qui est important, c"™est de monter un projet pédagogique et trouver les moyens utiles à ce projet. Ça peut être un micro si l"™enfant est déficient auditif, s"™il arrive pas à écrire, ça peut être un iris 40, un ordinateur qui permet de retranscrire en braille - je fais court, hein - y"™a beaucoup d"™ordinateurs parce que le numérique permet pas mal de choses.

Les aménagements du temps, ça peut être un tiers-temps, du temps en plus pour passer des examens, et tous ceux liés directement au handicap : sortir de l"™école pour faire des soins à l"™extérieur, donc organiser l"™emploi du temps par rapport au temps qu"™y passe dans une institution spécialisée ou à aller voir aussi des libs, tous ces psychomotriciens, ergothérapeutes. Et les transports ça peut être des taxis, des bus"¦ Y"™a des conventions qui sont passées et c"™est toujours le même projet global qui reprend tous ces aspects-là .

Pour simplifier, y"™a une équipe technique avant, où les enseignants spécialisés, une inspectrice, une conseillère pédagogique et des ergothérapeutes, les différents métiers représentés dans l"™équipe éducative qui sont pas liés aux dossiers justement, examinent les différents dossiers et donnent leur avis sur les demandes en cours. S"™ils sont d"™accord, y font faire une équipe de suivi, on monte le projet pédagogique, les parents aussi interviennent et toute une équipe se met en place.

Depuis la loi 2005, l"™enseignant référent, qui gère en gros 250 gamins, va réunir les pièces nécessaires en contactant tous les professionnels qui travaillent avec l"™enfant pour monter des dossiers, organiser des équipes éducatives, des équipes de suivi, qui vont déterminer les besoins de l"™enfant et les aides auxquelles il a droit, en fonction du projet monté. C"™est compliqué, d"™ailleurs, comme c"™est des corps de métier différents, de trouver des horaires où ils peuvent se réunir. Et comme chaque cas est particulier, il faut trouver la meilleure orientation puisqu"™en milieu ordinaire, y"™a des classes spécialisées aussi, des UPI au collège ou des CLIS en primaire, des regroupements des enfants en fonction de leurs difficultés, pour avoir une pédagogie vraiment adaptée. Après, c"™est transféré à la Maison des Personnes Handicapées, qui dépend du Conseil Général et la CDA, la commission des droits d"™autonomie pour le handicap, dit oui ou non aux demandes en fonction du dossier et de l"™avis de l"™équipe technique. Les demandes acceptées sont envoyées et si c"™est pour du matériel adapté, on a une notification qui dit l"™enfant a droit à tel matériel.

Si c"™est le premier degré, on fait les commandes via les services financiers de l"™Inspection Académique et on passe une convention de prêt avec les familles. Pour le second degré, on l"™envoie au Rectorat qui vire l"™argent sur le compte du collège, qui achète le matériel et passe une convention avec la famille. Le principe est le même : via l"™Éducation Nationale, on achète du matériel qui est mis à disposition de la famille, via une convention puisque c"™est toujours l"™Éducation Nationale qui est propriétaire. La partie logistique, normalement - ce qui a pas du tout été le cas l"™an dernier - en mai-juin, on accumule les notifications, on fait un prévisionnel des besoins puisqu"™avec les notifications, on sait exactement ce qu"™y faut, et on anticipe sur les demandes parce que les équipes éducatives ont lieu toute l"™année, donc les notifications peuvent arriver de septembre à décembre mais comme c"™est l"™argent de l"™État, on peut pas commander toute l"™année : c"™est en juillet ou septembre, selon comment ça se passe avec les services financiers ; on a un budget global, on reçoit le matériel entre octobre et novembre, et on dote les familles de décembre à janvier.

Comme c"™est du matériel très différent, t"™as des problèmes avec les fournisseurs, le budget"¦ En plus, la MDPH a déménagé, donc on a pas eu les notifications autant qu"™on aurait dà », et j"™ai dà » recontacter tous les enseignants référents pour savoir quelles demandes ils avaient faites, si elles étaient en cours, pour arriver à me faire un prévisionnel précis, sans savoir si ça allait être accordé ou pas, mais ça donne une très bonne idée des demandes qui vont arriver. Et il me fallait un lieu sécurisé où stocker le matériel, sachant qu"™y a un pic dans l"™année où on reçoit tout. Quand par exemple Dell m"™a livré le matériel, j"™ai dà » le renvoyer parce qu"™on peut pas stocker 60 ordinateurs portables dans un local s"™il est pas sécurisé. Après, les familles appellent : « On a reçu une notification, où est notre matériel ? » parce que pour elles, ça veut dire que tout est réglé, alors que c"™est loin d"™être le cas. J"™ai changé quatre, cinq fois de bureau, mais on a réussi à mettre un truc en place pour que j"™aie un lieu fixe. C"™est du ressort de l"™Inspection Académique mais la salle où je suis maintenant, il faut la sécuriser comme des locaux de la municipalité et je suis passé par la municipalité, donc c"™était un peu long et compliqué. C"™est moi qui me suis occupé de le trouver, etc. Comme les choses étaient pas encore trop fixées, y"™avait des solutions un peu bancales, et il faut mettre en place des solutions qui font gagner du temps à tout le monde.

Là , l"™essentiel des notifications jusqu"™à décembre ont été fournies, donc j"™attaque celles de décembre et heureusement, j"™ai un nouveau budget, je vais pas être obligé d"™attendre mai-juin-juillet pour recommander. J"™ai toujours le budget qu"™y faut, mais si une demande de matériel très spécifique arrive et que j"™ai pas pu anticiper, ça passe sur la commande suivante, donc le gamin risque d"™attendre six mois, un an. Le vrai souci, c"™est le temps de passer les commandes parce que c"™est l"™argent public, donc c"™est un peu lourd et long. Sinon, un ordinateur portable, tu peux anticiper, rajouter vingt, trente pour cent aux demandes réelles parce que tu sais qu"™elles arrivent au fur et à mesure de l"™année, mais un modèle très spécifique de loupe pour un déficient visuel, tu peux pas le commander à l"™avance. Ou les micros pour les enseignants, pour le déficient auditif qui a un récepteur direct sur des coques, c"™est très spécialisé et l"™appareillage est adapté ou pas, donc tu peux commander qu"™un type d"™appareil générique, et y"™en a très peu, y suffit de deux, trois demandes de plus et t"™es en rupture de stock très vite.

La question qui revient tout le temps, c"™est le processus relatif aux enfants du second degré. Dans chaque département ça se passe différemment et dans les Bouches-du-Rhône, on achète des ordinateurs portables pour que l"™enfant travaille en classe avec mais aussi à la maison pour faire ses devoirs, ou pendant les vacances. Pour certains c"™est une vraie liberté, ça permet aux handicapés moteur qui peuvent pas se déplacer d"™être en contact avec le monde. Donc, s"™il change de collège, comme officiellement le matériel fait partie de l"™inventaire du collège, tu leur expliques qu"™un établissement du second degré peut faire un don à un autre établissement du second degré, que cela se décide en conseil d"™administration, et le nouvel établissement passe une convention avec la famille. Ça permet de respecter la logique qui veut que le matériel est pour un enfant, pas pour l"™établissement. Donc il faut trouver des solutions comptables pour que le matériel suive l"™enfant. C"™est pas compliqué, mais personne ne le sait parce que c"™est des cas très particuliers auxquels ils ont pas encore été confrontés.

L"™autre difficulté, c"™est que les gens traitent souvent beaucoup de gamins et c"™est des cas très différents donc ils sont débordés, et on a pas forcément le recul nécessaire : par exemple, des logiciels commencent à être développés pour les enfants dyslexiques, il y en a un depuis deux ans sur le marché, mais on a peu de recul quant à son utilisation. C"™est une petite société qui le développe, ils en vendent peu, il intègre d"™autres logiciels auxquels il paie des droits, donc il coà »te très cher et pour le mettre en œuvre il faut un vrai suivi : le logiciel résoudra pas ses problèmes, par contre il peut l"™aider si y a un cadre et tu sais pas s’il y aura le cadre. Et plein de choses très différentes existent, ça évolue beaucoup et tu peux pas tout connaître. Le cas patent, c"™est la dyslexie : on a peu de retour et déjà , on en parle depuis pas si longtemps et la considérer comme un handicap en plus, c"™est pas évident. Et parfois, les parents attendent une réponse claire et précise et quand tu dis : « Je ne sais pas », ils ont les boules ! Mais c"™est pas si simple et ça dépend du cadre où il est utilisé.

À côté de ça, j"™aide les enseignants référents. Justement, pour évaluer les besoins, essayer de faire l"™état des lieux, il y a des enquêtes desco chaque année ; là on est dedans, donc j"™ai mis en place un système de fichiers. C"™est le département des études et de la prospective et de la performance, ils font les statistiques pour les différents ministères, la DEPP, et ça leur permet de planifier un peu et de répartir les budgets de l"™État. Je gère l"™enquête via mon inspectrice, on contacte les référents, on leur file un fichier à remplir, généralement ils comprennent pas comment ça marche alors ils m"™appellent et je leur explique qu"™y faut cliquer ! Les enquêtes nationales, en cas de problème informatique, c"™est moi qu"™on appelle.

J"™interviens dans toutes les Bouches-du-Rhône, pour tous les établissements. J"™y vais jamais ou quasiment, j"™ai pas encore le temps mais je vais essayer parce qu"™y a beaucoup de choses à mettre en place. Il faudrait que j"™aille sur le terrain aider les enseignants et surtout, vérifier si le matériel est bien utilisé. Ça concerne beaucoup d"™enfants dans des tas d"™établissements donc matériellement, c"™est impossible de les suivre tous, par contre je vais essayer de voir les enfants suivis ou pas par des établissements ou des enseignants spécialisés parce que si un déficient visuel est suivi par une enseignante spécialisée, elle veille à ce que le matériel soit bien utilisé et s"™il est pas adapté, s"™y faut acheter un logiciel, elle va me le dire ; mais les enfants du second degré dépendent de plusieurs enseignants, ils sont pas suivis par un institut ou un enseignant spécialisé, et le matériel risque de pas être utilisé parce qu"™il est pas adapté, et c"™est ce qu"™y a de pire : vaut mieux dépenser cent euros de plus pour le logiciel qui fait que c"™est efficient, qu"™un ordinateur finisse au placard.

La mise en place est compliquée, laborieuse et intéressante. Le plus compliqué, c"™est de basculer sur une échelle importante alors que chaque cas est différent et que les gens sont pas compétents, parce qu"™un enseignant ordinaire a pas l"™habitude, il sait pas comment faire. Sans arrêt, des stages sont organisés et on me demande d"™aider à accueillir les gens. Les formateurs, il y a les enseignants spécialisés, les conseillers pédagogiques, spécialisés, souvent, les inspectrices, et les gens qui travaillent sur le handicap mais pas que pour l"™Éducation Nationale : les psychologues, les médecins scolaires, les ergothérapeutes, les psychomotriciens. Avec un enfant handicapé, tu travailles avec des corps de métier très différents, qui ont rien à voir avec l"™Éducation Nationale pour certains. Le matériel adapté, le souci c"™est qui va préconiser : les ergothérapeutes sont des gens très compétents mais il faut en trouver un spécialisé pour les enfants, sur le handicap, qui ait le temps de le faire"¦

J"™ai pas suivi de stage, je suis arrivé dans le bain direct. J"™étais même plus dans l"™Éducation Nationale. Mon alter ego, qui est AVS et travaille depuis quatre, cinq ans à la mission, a monté une base de données - elle est pas officielle - et gère beaucoup d"™informations. Le matériel je le découvre, j"™apprends : quand j"™ai commencé, j"™y connaissais rien mais c"™est surtout aux enseignants spécialisés, ergothérapeutes, de connaître ; je peux leur demander et maintenant je connais, j"™ai vu le matériel utilisé, on m"™a expliqué, le fameux AVS m"™a appris beaucoup de choses, et les gens m"™ont appris sur le terrain. J"™étais censé, même si je connaissais pas le logiciel, être capable de m"™adapter, et c"™est pas tant tout connaître, mais savoir résoudre un problème et si on t"™explique la solution, la comprendre. Quand je suis retourné dans l"™Éducation Nationale, j"™ai postulé comme enseignant en ressources informatiques et pédagogiques, c"™est-à -dire spécialiste de tout ce qui est multimédia, informatique, au service de la pédagogie. Bon, aider les référents à faire marcher l"™ordinateur c"™est plus de la pédagogie, mais t"™es censé bien t"™y connaître en informatique, voire développer un site internet, après y"™a des profils très différents. Les autres qualités"¦ tout travail en équipe ! Parce que tu travailles avec beaucoup de gens différents.

Rien qu"™à mon niveau, je vois des choses se mettre en place, donc ça va aller en mieux. Les enseignants référents sur le terrain font que les choses sont mieux relayées aussi, les gens commencent à voir ce qui existe, les demandes"¦ Mais il faut que ça soit efficace, que ce qui est accordé corresponde réellement à la demande, et c"™est pas évident. Les gens doivent se former, devenir compétents, et rien que le fait que de plus en plus d"™enseignants en milieu ordinaire soient sensibilisés, suivent des formations même courtes, ça fait avancer. Dans mon domaine, plus on aura d"™expérience sur l"™utilisation du matériel, plus on saura précisément l"™utiliser. Après, il y a un manque du personnel, peut-être, comme la mission d"™aide à la scolarisation : y a un nombre hallucinant d"™AVS - 1000, peut-être 1500 - et c"™est un tout petit service qui le gère.

Et avant, les AVS avaient un statut, l"™équivalent d"™aide éducateur, qui leur permettait de rester quatre, cinq ans dans le métier et quand la droite est arrivée au pouvoir, ils l"™ont cassé et maintenant c"™est des statuts très précaires de deux ans, où les gens gagnent pas de quoi être autonomes et c"™est un vrai problème parce que t"™embauches quelqu"™un qui travaille vingt-quatre heures par semaine, c"™est pas énorme en soi mais c"™est difficile d"™avoir un autre métier à côté, de faire une formation, c"™est assez contraignant parce que c"™est des horaires d"™école et y gagnent pas assez pour se payer un appartement. Du coup, il y en a qui laissent tomber assez rapidement donc ça tourne assez vite. S"™ils restent, ils seront mieux formés et surtout, avoir une situation qui leur permet de faire leur boulot correctement et de rebondir parce que quand t"™as un peu de temps, tu peux trouver une formation, faire autre chose. En voulant faire des économies, les payer 750, 800 € par mois au lieu de 1100, 1200 €, tu gaspilles l"™argent de l"™État parce que du coup ils ont pas le temps de"¦ C"™est comme l"™équipement, vaut mieux dépenser un peu plus d"™argent et que ça soit efficace.

Mon salaire, normal : officiellement, je suis professeur des écoles, fonctionnaire, je travaille trente-cinq heures. Évidemment, quand t"™es autonome et responsable, tu travailles plus mais pas tant que ça non plus et je suis très libre, parce que j"™ai beaucoup de choses à gérer. Le problème de mon statut, c"™est qu"™il existe pas. Maintenant j"™ai un vrai bureau, mais y a eu un peu tout à mettre en place. C"™est intéressant justement pour ça, c"™est rare d"™avoir un métier dans l"™Éducation Nationale où t"™as autant la possibilité de faire avancer les choses. Tu sais que si tu travailles plus, si tu essaies de penser les choses différemment et de les organiser, ça va s"™améliorer, donc c"™est assez motivant et là c"™est plus tangible, tu vois tout de suite le résultat.

Le handicap, je connaissais rien, j"™ai tout découvert. C"™est vachement bien et le fait d"™être confronté au quotidien avec différentes situations de handicap, ça devient plus familier : une personne handicapée, ça semble plus naturel, moins extraordinaire en soi. Et c"™est un des grands enjeux de la loi, aussi bien pour les enfants handicapés qui se retrouvent en milieu ordinaire - en plus grand nombre, donc - pour eux c"™est bon pour le moral, pour résumer les choses, que pour les enfants autour d"™eux, leur regard va changer nécessairement puisque ça fera partie de leur quotidien ordinaire. Parce que le discours : « L"™enfant handicapé est un enfant comme les autres », si on le vit pas au quotidien c"™est très théorique mais au quotidien, c"™est vrai et ça fait évoluer les choses. D"™ailleurs, l"™enjeu est pas toujours foncièrement pédagogique : y a tout le côté socialisation et dans mon domaine plus précisément, les outils développés pour les enfants handicapés peuvent servir aussi à tous les enfants, à long terme. Ce qui se fait dans le domaine de la dyslexie notamment, plus tu fais des outils pointus, plus ça peut servir après pour les autres.

Y aura peut-être d"™autres choses à faire en dehors de l"™Éducation Nationale mais si je reste, ça sera encore au moins un an et demi à ce poste parce que y a encore plein de choses à mettre en place, et comme je sais de mieux en mieux comment ça fonctionne, c"™est de plus en plus probant d"™être efficace ou de savoir répondre aux besoins, d"™aider aux préconisations parce que quand les gens savent pas et qu"™on sait pas forcément qui sait, même si j"™ai pas un pouvoir décisionnaire, comme j"™ai une expérience, que je peux voir ce qui existe et capitaliser l"™information, mon avis aura beaucoup d"™influence. C"™est ce qui est compliqué : beaucoup de gens donnent leur avis dans leur domaine et pour le matériel informatique, y"™a pas toujours des gens compétents. Si on arrive à avoir une idée plus précise de ce qui peut être utilisé, comment, où, ça sera bien.

Quand les choses seront en place, de plus en plus de gens seront au courant du fonctionnement et beaucoup de questions se poseront plus. Le cas des lycées agricoles, ça a duré un an : la MDPH a dit d"™acheter du matériel adapté mais ils dépendent du Ministère de l"™Agriculture, pas de l"™Éducation Nationale, donc le Rectorat peut pas payer mais on savait pas qui allait payer au Ministère de l"™Agriculture, y"™a pas de ligne budgétaire. Ça concernait très peu d"™enfants, c"™était pas un problème de budget parce qu"™on aurait pu le prendre sur l"™argent du Rectorat mais c"™était pas légal, pas possible. Il a fallu qu"™on sache sur quel budget c"™est pris, la personne qui gère ça... Maintenant qu"™on le sait, ça va"¦ Bon, ils vont nous dire : « On a des problèmes de budget », je sais pas : nous, pour le premier degré, c"™est pas encore un problème.

C"™est de la mise en œuvre d"™un décret ; il faut qu"™on y réfléchisse et y"™a beaucoup de détails à gérer, donc ma chef est débordée. Comme y"™a beaucoup de gens, le Conseil Général, la MDPH, qui existe depuis pas longtemps, l"™Éducation Nationale, nous devons déjà négocier avec eux et y"™a plein de détails à mettre au point parce que la loi pose le cadre, mais t"™as plein d"™interprétations possibles. C"™est la première fois où je vois comment une loi s"™applique. D"™un point de vue politique, c"™est très intéressant, au sens où tout le monde est à peu près d"™accord sur le principe parce que c"™est Chirac qui a fait voter ça en 2005, même si des choses existaient déjà  : c"™était un peu la cause de l"™énervement de Ségolène Royal, c"™est vrai que c"™est elle qui avait mis en place en 2002-2001 une expérimentation dans les Bouches-du-Rhône et comme ça fonctionnait bien, ç"™a été repris au niveau national, et depuis longtemps, des services s"™occupent du matériel. Mais y"™a des différences, par exemple de contrat, et la politique au sens où un choix politique, après y faut l"™assumer et penser la mise en œuvre.

Ça fait qu"™un an et demi, donc j"™ai pas de recul mais y a l"™enquête, et je vois concrètement le problème des AVS, les demandes explosent donc c"™est toujours plus de gens à gérer, et ça veut dire qu"™y a de plus en plus d"™enfants scolarisés en milieu ordinaire ; mais Gabrielle Pli, qui fait ça depuis beaucoup plus longtemps, qui était dans le handicap bien avant la loi 2005, a une vision des choses parce qu"™elle a travaillé sur la mise en place d"™une première loi et les principes sont les mêmes, mais la mise en œuvre est plus compliquée parce qu"™on est passé sur une autre échelle.

Pour l"™instant, je suis incapable de tirer un bilan mais ça fait court, deux ans. Les enseignants référents - qui sont un peu le cœur du système - existent seulement depuis un an, pas mal d"™entre eux étaient déjà de la partie, avec un autre nom, la scolarisation des enfants handicapés en milieu ordinaire existait déjà , c"™est juste que ça a pris beaucoup plus d"™ampleur ; ils appelaient ça les CCPE, le cheminement était pas tout à fait le même mais heureusement, y avait ces gens-là qui avaient déjà une grosse expérience, qui connaissaient toutes les institutions avec qui ils travaillaient, où ils te conseillent d"™aller : l"™Arc-en-Ciel, l"™institut pour les déficients F3AIS, les jeunes aveugles et un service est chargé de la relation avec l"™Éducation Nationale, et t"™as plein de sigles différents : les IAE, les ITEP"¦ Ce qui est compliqué, c"™est le grand nombre d"™institutions différentes. Les intervenants, ça va être d"™un côté, et de l"™autre aussi le choix, parce que l"™individu peut pas tout connaître, donc au sein de l"™équipe il faut faire les bons choix, qui dépendent aussi de ce qu"™ils connaissent de ce qui existe et c"™est difficile, surtout quand les enseignants référents ont pas d"™expérience.

Propos recueillis par Odile Fourmillier le 25/01/08.


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