Le portail du handicap à Marseille

Le magazine

Le dossier

Le guide

L’annuaire web

L’agenda

Femme, mère et handicapée

L’une s’appelle Valérie. Durant son enfance, elle a eu une infirmité moteur cérébrale (IMC). Aujourd’hui, à vingt-neuf ans, Valérie vit une histoire d’amour et ne s’arrête pas sur son handicap... L’autre s’appelle Marie, et s’interroge sur l’image de la femme handicapée...

Malgré une IMC et des problèmes visuels et auditifs, la vie continue pour Valérie qui surmonte les difficultés sans relâche. Son souhait est de travailler, tout simplement, et de pouvoir s’investir à cent pour cent dans l’avenir.

V : J’ai dit à une dame que je voulais travailler dans une association pour personnes handicapées, il ne lui est pas venu à l’idée que l’handicapée, c’était moi ! Même si le handicap n’intervient pas dans la capacité de travail, l’employeur va partir du principe que ça joue, même si c’est faux. En fait, je ne vais pas me plaindre, j’ai déjà travaillé. La prime d’embauche, ça, ça le fait quand même, 1600 euros mais c’est demandé qu’une fois. Il n’y a pas d’aide sur un CDD de six mois normal, alors qu’il y a trois tonnes de papiers pour les PME et pour les sociétés.

Ce petit bout de femme ne désespère pas et continue son combat avec acharnement. Par exemple, Valérie ne porte aucune objection sur le regard des valides.

V : J’imagine bien le problème. C’est un métier physique, souvent. On supprime les handicapés physiques, on n’est pas des RQTH pour dépression (1). Ça dépend des gens, je crois. Petite, c’était galère, maintenant, ça va. Et puis comme je disais, c’est pas très visible, pas très effrayant non plus. Je crois quand même que les choses évoluent un peu.

M : On dit de moi : "œTu as vu, elle est handicapée et pourtant elle est en jupe, bien habillée et maquillée..." Si tu es handicapé, tu es forcement débile avec un bavoir et un lange. Je ne veux pas de regard complaisant ou obsédé parce qu’il y en a aussi. On ne t’a jamais parlé des dévoyés ? Des gens qui sont attirés par les femmes parce qu’elles sont en chaise, ça les excite ! J’en ai été victime. Le fait d’être en chaise dérange les autres, le fauteuil scandalise ou il est le point d’attraction. Ils sont toujours gênés de voir une personne handicapée s’installer derrière eux, par exemple au restaurant...

Les gens n’ont aucune pudeur et certains en profitent pour les harceler en leur faisant du mal. Depuis sa plus tendre enfance, Valérie a vécu des moments douloureux. Mais les années ont passé, la vie a évolué et elle voit aujourd’hui les choses.

V : Mais il y a aussi des gens qui veulent un handicapé éventuellement parce qu’ils le sont et ne se sentent pas à l’aise avec des valides. J’ai été harcelée par un mec qui m’avait aidée à me mettre dans ma voiture, il m’a suivie et voulait qu’on couche ensemble. C’est pas simple, quand on vit seule, c’est très stressant, surtout quand je dois sortir le soir. Résultat, je ne me maquille plus et je ne mets que des pantalons au lieu de bas résille pour ne pas attirer les mouches... Peut-on être féminine et handicapée ? C’est une question intéressante. Moi, c’est ma raison de vivre de le rester.

Prendre les transports en commun est, pour la plupart des gens, un acte tout à fait ordinaire, mais pas pour tout le monde...

V : On me propose plus facilement une place assise dans le bus, par exemple. Il m’est arrivé un truc marrant : un gamin m’a demandé pourquoi mon œil était petit. La mère l’a interrompu et il est parti quatre à quatre. Je trouve ça dommage. C’est tout juste si elle ne s’excusait pas de la curiosité du gamin. C’est naturel, pour un petit, de s’interroger.

La sexualité dans le monde du handicap est un sujet très tabou, les gens n’en parlent jamais et c’est très difficile à surmonter.

V : C’est pas simple, tout simplement parce que j’ai dit tout à l’heure que mon copain est handicapé aussi. J’ai une sexualité à peu près épanouie, elle le sera sà »rement plus quand je vivrai avec mon homme. Mais c’est bien par ailleurs. Et quand on aura trouvé la bonne position, celle qui lui convient le mieux ne me convient pas, et celle qui me convient ne marche pas à tous les coups, mais bon... Comme on se connaît depuis un an et qu’on ne se voit que quelques jours par mois, on n’a pas tout exploré, mais même comme ça, on trouve du plaisir.

Les gens ne pensent jamais aux places de parking réservées aux personnes handicapées. Elles ont pourtant une priorité sur certains endroits qui ne leur sont plus réservés...

V : La prévenance, c’est rare... avec le nombre de valides qui occupent les places de parking, c’est démerde-toi, oui ! Viens à Lyon, là -dessus c’est mieux respecté. Les places de parking sont la plupart du temps prises par des personnes valides pressées. Sauf que j’ai besoin d’un espace handicapé pour me garer sinon je ne sais pas me transférer dans ma chaise.

Fonder une famille, c’est créer et renforcer les liens qui unissent un couple. Valérie est prête à assumer et à faire un enfant, même avec la peur au ventre.

V : J’envisage une vie de famille, même si je suis morte de trouille. La seule femme IMC que je connaisse qui soit maman a vu son handicap empirer avec la grossesse. Comment faire pour se déplacer en transport en commun avec un bébé, alors qu’on ne peut pas soulever la poussette avec le bébé dedans. La vie quotidienne te fait te poser des tas de questions et t’adapter. Pour l’instant, si je dois demander une aide extérieure, je ne peux pas la payer et puis j’y arriverai toute seule. Et pour élever un gosse, ça ne se fera pas tout de suite. Mon homme m’aidera dans la mesure de ses possibilités. Il a des difficultés de préhension, entre autres, puis il est boiteux aussi. Je pense que la première couche changée risque d’être folklo, mais ça s’apprend à la maternité. Je crois que j’aurai du mal à me passer du porte bébé et j’aurai des difficultés quand l’enfant commencera à marcher. J’espère que je saurai le rattraper.

Valérie fera tout ce qu’elle peut, dans la limite de ses possibilités.

(1) RQTH : Reconnaissance Qualité Travailleur Handicapé, classification obtenue auprès de la COTOREP. Pour dépression, si elle est suffisamment lourde pour entraîner des troubles du comportement.


Vous avez trouvé cet article intéressant ou utile, votez :

Le magazine > Témoignages

Prendre soin du corps c'est prendre soin de la personne

Prendre soin du corps c’est prendre soin de la personne

Marie est infirmière à Marseille en chirurgie orthopédique. Elle accompagne les patients avant et après leurs interventions chirurgicales qui, après un grave accident, peuvent les laisser handicapés.Son travail quotidien est basé sur le rapport au (...)

Occulter son corps, une question de survie

Occulter son corps, une question de survie

« C’est compliqué pour moi parce que je n’ai pas l’habitude de parler de mon corps. Je m’en fous de parler de mon corps. On m’a appris à m’en foutre et c’est ce que je fais. J’ai toujours entendu que je n’étais pas belle à regarder, que j’étais une (...)

Réfléxion en mouvement sur le corps handicapé

Réfléxion en mouvement sur le corps handicapé

Irène est éducatrice spécialisée dans un institut, elle s’occupe de jeunes enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale.Le rapport au corps dans son travail fait partie de son quotidien. Il se retrouve tant dans la pratique que dans les questionnements (...)

A la recherche du temps perdu

A la recherche du temps perdu

"Plonger dans sa mémoire et ses souvenirs vous donne le sentiment d’être en vie", nous dit René Daumas. Cet homme âgé de 90 ans vit seul depuis le décès de son épouse il y a 6 ans. Été comme hiver, immergé dans ses lectures, ses souvenirs ou des films de (...)

Quand les vacances ne sont plus qu'un souvenir

Quand les vacances ne sont plus qu’un souvenir

Aide à domicile depuis 7 ans, Joëlle ne prend pas de vacances cet été, en effet le travail ne manque pas ! Elle nous brosse un tableau plutôt sombre des vacances à domicile que passent les personnes âgée et/ou en situation de handicap chez qui elle (...)

Vacances ou lutte contre l'ennui ?

Vacances ou lutte contre l’ennui ?

Pas facile de lutter contre l’ennui quand on ne part pas en vacances. Thomas essaie au maximum de sortir voir ses amis et de faire des activités de loisirs, mais les occasions sont rares notamment à cause de la distance. Pourtant, échanger, (...)

Une vie de couple bouleversée par un accident

Une vie de couple bouleversée par un accident

"Il s’est mis dans la peau de la victime et ça a été très dur à gérer. Il s’est senti un peu mis à l’écart d’une vie sociale et professionnelle. Et ça a été difficile pour nous parce qu’il passait par des moments d’abattement, de révolte qui retombaient sur (...)

Laissez nous nous aimer !

Laissez nous nous aimer !

Handicap ou pas, Isabelle et David se sont plu tout de suite. "Il aurait marché cela ne m’aurait pas dérangé" lance t-elle avec humour. En neuf ans de relation, ils ont appris à s’aimer de plus en plus, de mieux en mieux, à être à l’écoute l’un de (...)

On ne voit bien qu'avec le coeur...

On ne voit bien qu’avec le coeur...

"On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux." Patrick et Marguerite sont d’emblée touchés l’un par l’autre, pas besoin d’en passer par un jeu de séduction. Si leur situation de handicap commune a favorisé leur rencontre et (...)

Vivre ensemble, rien de plus

Vivre ensemble, rien de plus

En couple depuis sept ans, Céline et Yonathan souhaitent à tout le monde le bonheur de s’aimer comme ils s’aiment. L’un à Nancy, l’autre à Marseille, la relation à distance finit par leur peser, bien plus que leur handicap qui paraît lourd à leur (...)

Commentez cet article
avec facebook
Creative Commons License handimarseille.fr, le portail du handicap à Marseille (www.handimarseille.fr), développé par Résurgences, est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons : Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Mentions légales   |   Bannières et vignettes Plan du site
Site propulsé par l'Atelier du code et du data, chantier d'insertion numérique