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Ado, ni plus, ni moins !

"Pouvoir se démarquer sans se faire remarquer". C’est ainsi que Baptiste Schintu définit sa vie d’adolescent et de collégien. Lui, qui à son entrée en 6e au collège, se définissait comme "un peu imbu de lui-même", a pu au fil du temps et de ses rencontres, s’ouvrir aux autres. Curieux d’apprendre de tout, il vit son handicap comme quelque chose qu’on lui a donné.

Ado, ni plus, ni moins !

Handimarseille. - Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Baptiste Schintu. - Je m’appelle Baptiste Schintu, j’ai 17 ans. Je suis actuellement en classe de 3e avec les adaptations ULIS 4 au Collège Sylvain Menu.

H. - Quel est votre handicap ?

B.S. - Je suis atteint de la Maladie de Little, [1] qui touche principalement les membres inférieurs et supérieurs. Je suis né prématuré à 6 mois 1/2. Ce sont des connexions qui n’ont pas eu le temps de se faire dans mon cerveau. Je peux m’en servir mais pas à 100%.

H. - Comment décririez-vous votre adolescence ?

B.S. - Tout à fait normal, après cela nécessite des adaptations comme tout. Pour les sorties, ce n’est pas évident parce que les trottoirs ne sont pas forcément adaptés, il y a plein de choses à calculer à l’avance comme les moyens de déplacement, sinon après c’est tout à fait normal.

H. - Rencontrez-vous des difficultés particulières, lesquelles ?

B.S. - Par exemple, quand vous allez au cinéma et que vous demandez du pop-corn et du coca, le comptoir n’est pas adapté et vous avez du mal à voir la vendeuse. Il y a des petites difficultés comme ça. Après dans les rues, les gens qui se garent n’importe comment sur un trottoir entre un poteau électrique et une voiture, on est obligé de descendre pour pouvoir continuer. Ce sont des choses auxquelles on s’habitue mais ce n’est pas évident à gérer. C’est à nous de faire le travail pour que les gens pensent à nous, même si ça devrait être automatique.

H. - C’est aussi un moment où l’on prend son autonomie, et les relations avec les parents changent, comment cela se passe t-il pour vous, et pour vos parents ?

B.S. - J’ai des relations tout à fait normales, j’ai un caractère bien trempé et avec mes parents, ça se passe très bien parce qu’on a tout le temps des relations fusionnelles. Mes parents vivent encore ensemble donc ça a toujours été très équilibré. Je n’ai pas forcément de problème, après je suis un ado comme les autres et c’est sà »r que des fois, il a des tensions comme dans toutes les familles.

H. - Concernant votre scolarité, comment se passe vos rapports avec vos professeurs, avec vos camarades ?

B.S. - De façon normale, même si cette année, je constate une amélioration comparée aux années précédentes. Je ne suis en intégration que depuis la 6e, avant j’étais en Institut Médico-Éducatif. C’est allé crescendo ; en 6e, ça n’allait pas du tout, j’étais un peu imbu de moi-même, je pensais que le problème venait des autres, j’avais une différence de point de vue ; en 5e, ça commençait un peu à s’améliorer, après on a travaillé avec Odile (Odile Dabzol, responsable des AVS) pour voir le point de vue sur soi et sur la relation avec les autres ; puis en 4e, ça a été et là en 3e, je suis bien, parce que je suis avec des personnes que je connais, je suis en confiance et ça roule.

H. - Cette intégration en ULIS vous a aidé ?

B.S. - Oui, car c’était un autre regard sur le monde. Avant j’étais dans un cocon, on nous préservait énormément du monde extérieur et je suis arrivé là et un nouveau monde s’est offert à moi, parce que c’était la vie normale tout simplement, et moi, j’avais envie de ça, envie de découvrir, parce que je savais que la vie n’allait pas se limiter à 4 murs et un jardin.

H. - C’est un moment où l’on est plus attentif à l’image que l’on a de soi et au regard des autres, que pouvez-vous nous en dire ?

B.S. - Le regard des autres, j’ai toujours vécu avec, mais c’est vrai qu’au Collège, on s’intéresse plus aux filles, on essaie de faire attention à son image ce qu’en Primaire, je ne faisais pas du tout parce que je m’en foutais un peu. Je sais que le fauteuil, il voit que je vis avec ça mais j’essaie de faire attention à moi et ce que je peux ressembler.

H. - Parlez-nous de l’évolution de votre regard sur vous-même et sur votre handicap ?

B.S. - J’ai fait avec les difficultés et les obstacles que j’ai rencontré et je le vis plus comme un défi au jour le jour, qu’une contrainte. Le handicap, c’est quelque chose que l’on m’a donné, je ne le vis pas comme quelque chose que l’on m’a enlevé, et j’essaie de faire avec, tout simplement. Il faut savoir faire face à l’imprévu quand il se présente. Après c’est comme tout, c’est une question d’habitude.

H. - L’adolescence est le moment où l’on a besoin de se forger sa propre identité. On souhaite appartenir à la norme et en même temps s’en démarquer, comment le vit-on lorsque l’on a un handicap ?

B.S. - C’est un peu singulier parce que j’étais en intégration et j’avais un retard de 2 ans au niveau de ma scolarité - pour des raisons médicales, j’ai dà » redoubler le CP et le CM2 - et donc j’ai toujours eu un décalage avec mes camarades de classe. Comme j’ai des goà »ts qui sont un peu rétro - j’aime bien la musique des années 60, 70, 80 - et des goà »ts vestimentaires qui sont classiques, il y a toujours eu un décalage mais ce n’est pas pour cela que je me mettais à l’écart. J’allais toujours vers les autres, après ça venait quand j’étais en confiance avec eux. Je cherche à faire parti d’un groupe, mais je sais que j’aurais ma propre identité. Je veux pouvoir me démarquer sans me faire remarquer.

H. - L’adolescence est la période où se fait la transformation du corps, comment les vivez-vous ?

B.S. - Je pense comme tous les garçons de la planète, on constate des changements, on s’habitue parce qu’on ne peut pas faire autrement.

H.- C’est aussi le moment où l’on va découvrir le corps de l’autre, comment appréhendez-vous cela ?

B.S. - Plutôt bien, après je suis ado. J’ai une appréhension bien sà »r parce qu’il y a le fauteuil, il y a tout ça, après pour les relations tout simplement amoureuses, ça va être compliqué mais je vais faire comme je fais chaque fois, je vais faire avec et ça va rouler...Enfin je pense.

H. - Tout adolescent appréhende la première relation sexuelle, comment cela se passe t-il pour vous ?

B.S. - Je ne pense pas forcément au handicap en pensant à ça, parce que c’est la difficulté que tout ado doit rencontrer dans sa vie à mon avis. La première relation sexuelle, c’est quand même quelque chose pour laquelle on se fait une montagne, on se dit bon comment ça va se faire, avec qui, comment ça se passe. J’occulte complètement le côté handicap parce que pour moi, ce n’est pas la priorité, c’est plutôt le côté affectif et tout ce qui va avec la première relation sexuelle comme un jeune valide.

H. - Parlez-vous de sexualité avec vos camarades, vous posent-ils des questions ?

B.S. - C’est arrivé quelque fois oui. Il voulait que je leur explique mais ce n’était pas à moi de leur dire. On apprend certaines choses en parlant avec les copains, mais moi comme je suis quelqu’un d’assez réservé, de timide, ce n’était pas un sujet que je me sentais d’aborder avec eux. C’était un peu compliqué à gérer comme situation.

H. - Comment voyez-vous votre avenir ?

B.S. - Si je pouvais être journaliste plus tard, j’en serais très heureux après il faut savoir faire avec ces difficultés. Odile me dit toujours, " comme quand on gravit une montagne, il faut se fixer des paliers et des camps de base, et si jamais tu ne peux pas monter plus haut, il faut savoir rester au niveau le plus bas et faire avec " ; donc moi mon avenir, je le vois comme ça, faire avec mes possibilités mais aussi mes capacités. Je pense vraiment que je suis capable de faire certaines choses, malgré mon handicap, et les choses qui se mettront en travers de mon chemin, et bien je ferais avec, tout simplement. Tout m’intéresse et je suis curieux d’apprendre de tout.

H. - Quel message aimeriez-vous faire passer aux adolescents et aux parents qui vont lire votre témoignage sur Handimarseille ?

B.S. - C’est important de ne pas prendre le handicap comme un échec, faut le prendre plus comme un défi à relever et tant que l’on est entouré, il ne peut rien arriver. Il suffit d’être au moins deux. Dès que l’on a quelqu’un autour de soi qui essaie de vous tirer vers le haut, ça va vous donner envie de passer au-delà des difficultés qu’on va pouvoir rencontrer. Mes parents ne m’ont jamais surprotégé, ils ne m’ont jamais ménagé non plus mais par contre, quand j’avais besoin d’eux, ils ont toujours été là , à mes côtés dans toutes les difficultés que l’on a rencontré, comme lorsque je me suis fait opérer par exemple. Si je n’avais pas eu ma famille avec moi, je ne serais pas devenu le jeune que je suis aujourd’hui.

H. - Y-a-t’il un sujet qui n’aurait pas été abordé et dont vous aimeriez parler ?

B.S. - Je pense qu’à Marseille, il faut prendre conscience du problème au niveau de l’accessibilité car ce n’est pas gérable, même avec les améliorations qui ont été ou qui seront faites dans l’avenir, avec le tramway, avec les travaux qui sont faits sur le Vieux-Port et La Canebière en zone piétonne. Je ne pense pas que cela va changer quelque chose. Il faut vraiment prendre conscience de ce problème-là , que nous, même si on veut aller acheter notre pain, on a besoin soit d’une tierce personne, soit pouvoir demander à quelqu’un de monter sur le trottoir. Ça paraît simple comme ça, mais ça coà »te vraiment. Moi j’ai besoin d’aide pour ça donc on se sent vraiment dépendant et c’est pour ça qu’il faut vite que ça change.

Propos recueillis par Yoann Mattei

Notes

[1C’est une affection caractérisée par une paraplégie spasmodique qui apparaît dès les premiers mois de la vie chez des enfants venus au monde avant terme ou en état d’asphyxie (accouchement difficile par exemple). Elle est en rapport avec des lésions cérébrales. Il s’agit d’enfants infirmes moteurs cérébraux. L’intelligence est normale le plus souvent. Les troubles moteurs sont au premier plan.


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